Depuis vingt-cinq ans, le nombre d'accidents de la route ne cesse de baisser en France. Entre 1986 et 2004, il y a eu deux fois moins de morts et pratiquement quatre fois moins de blessés graves. Cette diminution se poursuit encore aujourd'hui, notamment au niveau des blessés légers. Aujourd'hui, l'ambition du gouvernement est de parvenir à descendre sous la barre des 2000 tués par an.
Cet objectif n'est pas impossible. En effet, la sensibilisation de la population à travers des campagnes chocs, la multiplication des dispositifs de sécurité dans le véhicule, le renforcement de la législation et l'augmentation des contrôles sont autant de facteurs qui contribuent à réduire le nombre de victimes sur la route. Mais il y a encore beaucoup à accomplir, notamment pour chasser de mauvaises habitudes.
C'est le cas de l'utilisation du téléphone au volant. Selon les chiffres du ministère de l'intérieur, une personne sur deux déclare qu'il lui arrive d'utiliser son téléphone en conduisant. Or, téléphoner au volant multiplie par trois le risque d'accident tandis que près d'un accident corporel sur dix est lié à l'utilisation du téléphone au volant. Sans parler des SMS, qui sont encore plus dangereux.
En France, la législation est pourtant très claire. "L'usage d'un téléphone tenu en main par le conducteur d'un véhicule en circulation est interdit", expose l'article R412-6-1 du code de la route. La violation de cette règle peut entraîner le retrait de 3 points sur le permis et une contravention de la quatrième classe. Car l'automobiliste doit en tout instant être capable de gérer très vite une situation imprévue.
Comment faire pour en finir avec cette pratique ? La solution pourrait peut-être venir de la technologie, puisque ni les campagnes de sensibilisation ni la menace d'une sanction ne semblent convaincre les contrevenants de leur erreur. En effet, des universitaires de la faculté fédérale de Santa Catarina au Brésil proposent un système basé sur une caméra située sur le tableau de bord et filmant le conducteur.
Le dispositif, décrit dans les colonnes du MIT Technology Review, fonctionne en trois étapes.
D'abord, il filme une zone autour du visage de l'automobiliste, qui aura été localisé préalablement. Celle-ci, une fois découpée, est analysée pour savoir où sont les pixels représentant la peau du chauffeur. Si des pixels sont présents en nombre sur les côtés du visage, qui sera au centre de l'image, le système peut alors supposer qu'une main se trouve à côté de l'oreille, en train de tenir le mobile.
Un message d'avertissement diffusé par les enceintes de la voiture sera alors adressé au conducteur pour qu'il cesse de téléphoner. Selon les universitaires, leur technologie marche bien en journée mais pose encore des problèmes dans des situations où la lumière donne des teintes différentes à la peau (lors d'un coucher de soleil par exemple, ou de nuit).
Pour l'instant, il n'est a priori pas question d'aller plus loin que le message d'avertissement. Toutefois, l'on pourrait imaginer un mécanisme forçant la coupure de la conversation (si le téléphone est branché à la voiture : des projets existent du côté de Google (Android Auto) et Apple (CarPlay)) ou forçant l'arrêt de la voiture sur le bas côté (si les conditions de circulation le permettent).
Bien qu'intéressant, le dispositif imaginé par les universitaires brésiliens est incomplet. Il n'est pas en mesure de détecter l'écriture ou la lecture d'un SMS, puisque le téléphone (et donc la main) ne se trouve pas à proximité de l'oreille. Dès lors, cette activité est en dehors du champ de la caméra, même si une astuce pourrait être basée sur l'observation du mouvement des yeux du conducteur.
En outre, il ne semble pas non plus capable d'empêcher un conducteur d'utiliser le kit mains-libres. Toutefois, des réflexions existent visant à réguler leur usage par la technologie, car ces kits distraient l'automobiliste, même s'il a les deux mains sur le volant. Une solution plus radicale est aussi envisagée : celle de l'interdiction pure et simple.
( photo : CC BY-SA Ed Poor )
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