Spécialiste des questions de sécurité nationale, le député Jean-Jacques Urvoas défend le projet de loi anti-terrorisme de Bernard Cazeneuve, qui prévoit notamment de bloquer l'accès aux sites terroristes sur simple ordre de l'Etat. Mais lui-même doit s'en remettre à un dictionnaire de sociologie pour dire ce qui est du terrorisme…

Le député socialiste Jean-Jacques Urvoas est un habitué de la controverse lorsqu'il s'agit de défendre l'intensification de la lutte contre le terrorisme, au détriment des libertés. Nous l'avions-même expérimenté lors de la loi de programmation militaire, lorsqu'il oubliait au passage d'expliciter les fonctions qui l'amenaient à prendre position pour la surveillance accrue des internautes. 

Dans un billet de blog publié sur Mediapart, M. Urvoas a répondu à ce qu'il qualifie de "violente diatribe" publiée par Philippe Aigrain, co-fondateur de la Quadrature du Net, contre le projet de loi anti-terrorisme que doit faire adopter Bernard Cazeneuve. L'élu s'attache à tourner au ridicule les arguments juridiques déployés par Philippe Aigrain, quitte à donner parfois l'impression de s'attarder sur des détails pour oublier l'essentiel, mais défend également le fond de la loi.

"Face à des actions violentes inédites dans leur dimension suicidaire et meurtrière – qui ne ciblent pas seulement des individus, mais toute la société – il est de la responsabilité des gouvernements de prendre toutes les mesures adaptées dans le cadre de l'Etat de droit et de la démocratie", tonne Jean-Jacques Urvoas. "Car, en répandant sang et terreur, le terrorisme vise le délitement du lien social et l’affaissement de notre organisation sociale".

Il est toutefois éclairant que dans le cadre d'un billet qui donne des leçons de droit aux opposants au projet de loi, cet ancien enseignant de droit public se réfugie vers le Dictionnaire de la sociologie de Larousse pour donner une définition du terrorisme ! Implicitement, Jean-Jacques Urvoas fait ainsi la démonstration de l'insuffisante définition du terrorisme donnée par la loi, alors-même que l'imprécision de ce qui est terroriste ou non est au coeur des reproches que l'on peut faire à la loi de Bernard Cazeneuve, qui veut permettre à l'Etat de faire bloquer des sites de propagande terroriste sans l'avis d'un juge.

Sur cet aspect de la loi, Jean-Jacques Urvoas ne dit rien. On lui reconnaîtra que Philippe Aigrain n'en disait pas grand chose non plus, se contentant de rappeler la position ferme et unanime du Conseil National du Numérique (CNNum), déjà balayée par le Gouvernement.

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