Marché unique du numérique, localisation des droits, régulation des géants venus d’outre-Atlantique : l’agenda bruxellois concerne lourdement les entreprises de la musique numérique. Pourtant, ces startups, même géantes comme Spotify, ne comptaient pas de lobby à Bruxelles. Leur rapport de force les opposant aux ayants droit ou aux distributeurs physiques aurait été réduit lors des discussions sur les contenus numériques.
Direction Bruxelles
Une situation qui a poussé des concurrents aux ambitions parfois antagoniques à s’unir autour d’un pôle de lobbying appelé Digital Music Europe. Cette alliance bruxelloise associe Spotify, Deezer, Soundcloud, 7Digital, Soundcharts et Qobuz. Selon le communiqué rédigé ce mercredi, le collectif vise à mettre en avant les succès de chacun et souligner l’existence de cette filière européenne très en avance sur les États-Unis.
C’est la Belge Olivia Regnier, ancienne de la Fédération internationale de l’industrie phonographique et donc rompue aux dossiers, qui se chargera du pôle de lobbying. Le bureau sera toutefois dirigé par Hans-Holger Albrecht, CEO de Deezer. Selon Challenges, Mme Regnier dirige déjà un bureau d’influence pour Spotify, le géant s’entoure désormais d’autres acteurs, espérant crédibiliser sa démarche dans les discussions à venir.
Parmi ces discussions, la question du marché unique du numérique est centrale pour les entreprises du streaming qui espèrent notamment gagner en flexibilité avec la localisation des droits. Chez Qobuz, bien que la marque ne soit pas aussi internationale que Spotify et Deezer, on nous confirme que la question est sur la table pour les acteurs. Mais on parle aussi des méthodes de rémunération. Le petit français confie vouloir gagner en rapport de force face aux majors, notamment concernant le prix des contenus haute fidélité.
La peur des acteurs serait de voir des normes non adaptées à leur marché prendre le pas dans le cadre du marché commun. La question des données personnelles, ou encore celle des plateformes, font également partie des sujets que mettra sur la table la DME auprès des élus bruxellois. Deezer ajoute : « Il est déterminant que ces choix politiques prennent en considération la complexité de notre industrie et les défis que nous rencontrons ».
Sur le géoblocage, le secteur est en ordre de bataille : comme Netflix, les entreprises du streaming musical entendent mettre fin à cette limite d’utilisation au sein de l’Europe. Elles auraient en effet à gagner à créer un marché unique dès 2018. Une proposition qui ne va pas sans la réforme du droit d’auteur, particulièrement épineuse et de fait, engageante pour les distributeurs numériques. La proposition de la Commission allant dans le sens d’un principe de pays d’origine, et non d’une segmentation par pays des droits, favoriserait les acteurs présents à grande échelle.
En harmonisant leurs combats et volontés, les acteurs espèrent ainsi gagner du poids face aux majors qui ont encore un peu de mal à lâcher du leste face à ces nouveaux rois de la musique.
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