Après la terre, la mer et l'air, les forces armées françaises seront-elles dotées d'un nouveau corps d'armée à part entière, destinée à agir sur le cyber, dans la mesure où celui-ci est de plus en plus considéré comme un nouveau champ de bataille en devenir ? C'est ce que pense Jean-Yves Le Drian, l'actuel ministre de la défense. À ses yeux, la France aura un jour une force militaire cybernétique.
Menace contre le fonctionnement du pays
Invité ce dimanche sur RTL dans l'émission Le Grand Jury, le ministre a notamment mentionné les dangers que représentent les attaques informatiques sur les systèmes de contrôle et d'acquisition de données, qui gèrent par exemple la distribution de l'électricité et de l'eau, et sur d'autres secteurs stratégiques d'une nation, allant de la santé aux transports, en passant par l'énergie, l'économie, etc.
"Ce que je voudrais vous dire, c'est que les risques concernant le démantèlement ou la pénétration de nos systèmes informatiques sont de plus en plus réels. C'est une menace contre le fonctionnement de notre pays. Il suffirait de s'introduire dans le dispositif qui organise l'électricité ou qui organise le système ferroviaire pour entraîner une perturbation très lourde".
"Mais ça peut aussi avoir des conséquences sur notre système de commandement et d'armement. Donc il faut s'organiser désormais pour lutter contre les cybermenaces. Lorsqu'il y a eu la loi de programmation militaire antérieure […], cette question n'était quasiment pas vraiment posée. Depuis cinq ans, on assiste à des menaces, à des tentatives que ce soit par des États ou des groupes terroristes".
Le virage du livre blanc 2013
À partir du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008, la France a commencé à considérer le cyber comme un nouveau champ de bataille en train d'émerger. Mais l'évolution de la doctrine militaire française n'a véritablement eu lieu qu'avec l'édition 2013 du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, avec la décision de faire de la cyberdéfense une priorité nationale.
La France s'autorise ainsi à la "lutte informatique offensive et, outre des exercices dédiés comme PIRANET 2012, elle a validé la création d'un corps de réservistes spécialisés, a mis en place l'agence ANSSI et a rejoint un centre de l'OTAN dédié à la cyberdéfense.
Terre, mer, air et cyber
"Donc il faut se prémunir. Et c'est pourquoi, dans la loi de programmation […], il y a sur toute la période un milliard d'euros consacrée à la lutte contre les cybermenaces et pour assurer notre cybersécurité. C'est la menace de demain. Demain, je pense qu'il y aura quatre armées : terre, mer, air et cyber. Parce que c'est un enjeu", a ajouté le ministre de la défense.
Ce lundi, Jean-Yves Le Drian a réaffirmé cette opinion lors d'une visite destinée à faire le bilan de l'exercice DEFNET 2014. "Imaginez, un calculateur de tir qui tombe en panne au moment de riposter à un raid d'avions adverses ! […] L'enjeu est tellement fort, selon Jean-Yves Le Drian, tellement inter-armées, que dans les années qui viennent, ce sera sans doute aussi fort qu'une armée", cité par Le Télégramme.
Si l'armée française dispose de certaines compétences, notamment dans la guerre électronique, il lui faut désormais recruter de nouveaux talents. Il est ainsi question d'embaucher 400 ingénieurs de haut niveau ainsi que 200 "cyber-experts".
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