Si Nicolas Hulot a pu être par le passé méfiant envers le compteur Linky, le journaliste et animateur de télévision devenu ministre a de toute évidence évolué sur ce sujet. En effet, alors de passage vendredi 1er décembre sur France Inter, l’intéressé a expliqué avoir été « rassuré » sur ce dispositif.
Le successeur de Ségolène Royal répondait alors à un auditeur qui lui demandait son avis sur ce système fabriqué par Enedis, une filiale d’EDF gérant la distribution d’électricité en France. S’il a admis avoir été circonspect sur cet appareil, notamment pour des questions sanitaires, il estime maintenant qu’il n’y a « aucun danger » à s’en servir pour suivre sa consommation énergétique.
« Moi j’ai fait partie, comme chaque citoyen, de ceux qui s’interrogeaient sur le côté un peu intrusif, sur les éventuels effets. J’ai été rassuré, je vous le dis, pendant un temps je me suis même opposé à ce qu’on installe chez moi un compteur Linky, je me suis fait une religion et je pense très sincèrement qu’il n’y a aucun danger, je fais confiance là pour le coup à mon agence », a-t-il dit.
Le propos du ministre survient alors qu’il existe au sein de la population française une relative défiance à l’égard de ce compteur communicant. Ce rejet se retrouve même chez des personnes en situation de responsabilité locale, en particulier dans des conseils municipaux. Selon un article de La Dépêche publié en début d’année, 320 communes ont refusé l’installation de Linky.
« Je pense très sincèrement qu’il n’y a aucun danger »
La principale crainte porte sur les effets supposés de l’appareil sur la santé humaine. Ce point a été contredit par des enquêtes et des analyses : l’agence nationale des fréquences a par exemple mené en laboratoire et chez des particuliers un certain nombre de mesures montrant que les niveaux d’exposition sont très faibles, à des seuils bien plus bas que les valeurs réglementaires.
L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail s’est aussi penchée sur le sujet en expliquant que le compteur Linky n’est pas dangereux. Plus exactement, les ondes émises par ce dispositif ne sont pas plus nocives qu’un téléviseur, une table de cuisson à induction ou même un chargeur de PC portable, autant d’éléments qui équipent déjà les foyers.
Des initiatives privées comme un dossier très étoffé produit par le magazine Canard PC ont aussi cherché à démêler le vrai du faux sur la question sanitaire. Les auteurs ont rappelé que « dans le cas de Linky, [le rayonnement est ] tellement faible que, passés quelques centimètres, il devient impossible de la mesurer avec des appareils pourtant sensibles (la puissance du signal diminuant avec le carré de la distance) ».
D’autres craintes
Il faut faire remarquer que l’opposition au compteur Linky est aussi nourrie par d’autres aspects, en particulier ceux relatifs à la vie privée, à l’accès et à l’utilisation des données récoltées par ces appareils. Cet aspect a aussi été traité par Canard PC (le dossier aborde les enjeux derrière Linky, le financement et les origines du projet, le principe des réseaux intelligents de distribution d’électricité (smart grids)).
La commission nationale de l’informatique et des libertés est aussi intervenue sur ce point dans un article détaillant quelles données sont collectées et transmises par les compteurs communicants. Ainsi, l’autorité a rappelé que l’enregistrement local, au niveau de Linky, des données de consommation horaires, pourra être refusé par le client. Il sera aussi possible de les supprimer.
La Cnil, qui dit « veiller au respect effectif de ses préconisations », a aussi noté que « les informations transmises par les compteurs ne contiennent pas de données directement identifiantes » et que « les données issues de compteurs Linky [circulant] sur les réseaux publics Linky sont chiffrées ». Enfin, en cas de transfert sensible, une information « utile » doit être délivrée en amont par Enedis à sa clientèle.
Déploiement du Linky
En attendant, le déploiement suit son cours : selon le directeur du programme Linky, plus de 7,3 millions de compteurs communicants Linky ont été installés dans 4 200 communes. «Aujourd’hui on pose 28 000 compteurs par jour et on a 3 000 installateurs sur le terrain », a-t-il confié à l’AFP. « L’objectif de cette année, c’est de finir à 8,1 millions et pour fin 2018 c’est d’atteindre 16 millions de compteurs installés ».
Dans le cadre de la loi du 17 août 2015, il est prévu que les compteurs communicants soient installés dans tous les foyers français à l’horizon 2021. Cela représente pas moins de 35 millions de compteurs à changer, précise l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Il n’est pas sûr que d’ici là les craintes autour de Linky se soient apaisées.
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