Depuis les révélations d'Edward Snowden sur les programmes de renseignement employés par les États pour surveiller les télécommunications, l'Organisation des Nations unies s'est exprimée à plusieurs reprises pour condamner l'espionnage généralisé des internautes. Des rapports relativement sévères ont été rendus, accompagnés par des résolutions appelant au respect de la vie privée.
Cependant, il arrive que le diable se cache dans les détails. Ainsi, la résolution du Comité des droits de l'Homme appelant à une limitation de la surveillance gouvernementale et la collecte massive de données personnelles ne concernera pas les métadonnées, selon une information de Bloomberg, qui cite deux sources diplomatiques impliquées dans les négociations.
Cette version adoucie de la résolution a été obtenue après le lobbying de la délégation américaine et de ses plus proches alliés, à savoir le Canada, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces cinq pays forment une coalition secrète, baptisée "Five Eyes". L'exclusion des métadonnées du champ de la résolution a été justifiée au nom de la lutte contre le terrorisme et de la menace que représente l'État islamique.
La résolution devait initialement qualifier la collecte des métadonnées comme "hautement intrusive", selon Bloomberg. Il n'en sera désormais plus fait mention selon ces termes. De toute façon, la résolution du Comité des droits de l'Homme n'est pas juridiquement contraignante pour les États.
Le texte évoque désormais dans des termes très mesurés que si "les métadonnées peuvent offrir des avantages, certains types de métadonnées peuvent aussi , par agrégation, révéler des informations personnelles et donner une idée du comportement, des relations sociales, des préférences personnelles et de l'identité de particuliers".
Les métadonnées rassemblent toutes les informations techniques autour d'un appel téléphonique ou d'une télécommunication. Celles-ci couvrent par exemple la date du coup de fil, l'heure, le numéro de l'appelant, celui de l'appelé, la durée de l'appel etc. Les métadonnées n'indiquent pas directement la nature de la conversation, mais il est possible d'en deviner la teneur.
L'EFF avait illustré cette réalité en prenant quelques exemples lors d'une conférence, comme par exemple celui-ci : "ils savent que vous avez appelé un service de téléphone rose à 2h24 du matin et que vous avez parlé pendant 18 minutes. Mais ils ne savent pas de quoi vous avez parlé". Une étude s'est aussi penchée sur le sujet, montrant que les métadonnées sont en réalité très bavardes.
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