Bloqué depuis le début de la semaine en Russie pour avoir refusé de supprimer un fichier texte listant des dizaines de méthodes de suicide, GitHub a finalement cédé. En reconnaissant la légitimité de la Russie à imposer ses propres lois pour ses internautes, la plateforme a décidé de respecter les demandes de retraits reçues des autorités russes.

Face au refus de Github de supprimer un fichier qu'il hébergeait (qui détaillait des méthodes de suicide), l'autorité de régulation russe RosComNadzor a décidé en début de semaine d'ordonner aux FAI de bloquer complètement l'accès au site (dans des conditions de transparence dont ferait bien de s'inspirer la France). Du fait du chiffrement par le protocole HTTPS des communications entre Github et les abonnés, il n'était pas possible à la Russie de bloquer simplement le fichier en cause, et elle devait donc choisir entre le renoncement au respect de ses lois, ou une mesure disproportionnée. Elle a préféré la seconde option.

Dans un communiqué, GitHub a indiqué vendredi qu'il acceptait de se soumettre aux demandes de blocage du RosComNadzor. "Même si nous ne sommes pas toujours d'accord avec les choix du gouvernement russe, nous respectons la souveraineté du pays et nous reconnaissons que les Russes peuvent avoir des sensibilités culturelles différentes", explique la plateforme, qui ne souhaite pas faire durer le bras de fer. Elle aurait pu le tenter en fédérant les développeurs russes pour qu'ils fassent eux-mêmes pression sur l'administration (car eux non plus n'ont plus accès à un outil devenu essentiel), et c'est donc sans doute avec un réel respect de la diversité des lois et des sensibilités que GitHub accepte de se soumettre.

Néanmoins, Github ne rend pas totalement les armes. A l'instar de ce qu'il fait déjà avec les requêtes DMCA reçues des ayants droits, le site publiera l'ensemble des demandes de retrait qu'il reçoit sur une page spéciale, qui permettra aux Russes de savoir quels contenus ont été bloqués à la demande du RosComNadzor.

De plus, le blocage est réalisé sur la base d'un filtrage géographique qui épargne le reste du monde. En effet selon nos constatations, le fichier texte dont la Russie a demandé la suppression restait accessible ce vendredi depuis une adresse IP française, alors que l'utilisation d'une adresse IP russe affiche un message informant du fait que le dépôt n'est plus accessible "à cause de la Blacklist Internet Russe". Un lien permet aux Russes d'avoir accès à l'ordonnance reçue par Github.

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