Victime d’un piratage massif de ses serveurs et de menaces renouvelées de la part des hackers qui réclament une rançon de nature inconnue (il pourrait s’agir de l’abandon de la distribution d’un film parlant d’une tentative d’assassinat du leader nord-coréen Kim Jong-un), Sony Pictures Entertainment (SPE) tente par tous les moyens de freiner l’impact des révélations. Après avoir diligenté une campagne de spam et de DDOS contre les sites de liens BitTorrent et de téléchargement direct qui relaient les archives piratées, le studio a missionné un cabinet d’avocats pour faire pression sur la presse.
Plusieurs médias dont Re/Code, le New York Times et Hollywood Reporter ont rapporté la réception d’un courrier daté du dimanche 14 novembre, qui demande aux médias de ne pas télécharger les archives et surtout de ne pas enquêter sur leur contenu, qui peut être très gênant pour la firme et ses employés.
Le courrier rappelle que la divulgation des contenus viole de nombreuses lois sur la propriété intellectuelle, la protection de la vie privée, la confidentialité des relations entre la firme et ses avocats ou comptables, etc. « Nous vous écrivons pour nous assurer que vous êtes bien conscients que SPE n’a pas donné son accord à vos possession, examen, copie, dissémination, publication, upload, téléchargement, ou utilisation quelconque des informations volées« , écrit le cabinet d’avocats.
« NOUS VOUS TIENDRONS RESPONSABLES »
Il demande la destruction de toute copie que les journalistes pourraient avoir en leur possession, et que toute nouvelle source d’acquisition des données leur soit signalée.
« Si vous ne vous conformez pas à cette requête, et si l’information volée est utilisée ou disséminée par vous d’une façon quelconque, SPE n’aura pas d’autre choix que de vous tenir responsable« , avec demande de dommages et intérêts pour tout préjudice subi.
Si l’on peut comprendre la réaction de Sony Pictures Entertainment, et la créditer d’un certain bien-fondé sur le plan juridique, elle est toutefois d’une autre époque. N’importe quel internaute peut aujourd’hui télécharger et fouiller lui-même le contenu des archives, et en faire la publication anonyme sur un blog ou un réseau social.
Or à partir de quel niveau d’importance des informations contenues dans les archives volées un média pourra-t-il décider de faire fi des menaces du studio américain ? Ou dit autrement, jusqu’où un média pourra-t-il prétendre que l’information qu’il connaît et qu’il a vérifiée n’existe pas ? Un beau casse-tête en perspective pour les rédactions en chef et leurs avocats.
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