A la demande de David Cameron, les FAI britanniques mettent progressivement en place des mesures de blocage par défaut de contenus licites mais jugés inappropriés pour certains publics, ou problématiques pour la sécurité informatique. Le fournisseur Sky, qui compte 5,3 millions d'abonnés à Internet en Grande-Bretagne, a ainsi annoncé mardi qu'il allait désormais activer par défaut le blocage de l'accès aux sites pornographiques. Mais pas seulement.
Jusqu'à présent, les abonnés à Sky pouvaient faire le choix d'activer ou désactiver le service de filtrage Sky Broadband Shield, avec plusieurs niveaux de protection possibles, et la faculté de personnaliser les critères et les plages horaires de blocages, en fonction des souhaits de chacun. Mais dès ce mois-ci, l'opérateur contactera par e-mail les abonnés qui n'ont pas encore exprimé leur choix d'activer ou non le filtrage proposé, et activera par défaut le filtrage de tout contenu jugé inapproprié pour les enfants de moins de 13 ans, ce qui est normalement bien plus large que le seul blocage des sites pornographiques.
Lorsqu'ils visiteront un tel site, dont la qualification est laissée à l'appréciation des algorithmes et des listes établies en collaboration avec différentes organisations gouvernementales ou associatives, les abonnés verront un écran qui les préviendra du blocage, et leur proposera de modifier les réglages du filtre installé au niveau du réseau (et non au niveau de l'ordinateur comme c'est le cas avec les logiciels de contrôle parental). Pour désactiver ou modifier le filtrage, il faudra saisir ses identifiants Sky, auxquels les enfants n'ont en principe pas accès.
QUAND LE FAI SAIT QUI VEUT LIRE DES INFORMATIONS CENSURÉES
En France, quoi qu'il s'en défend désormais, le CSA milite depuis longtemps pour la mise en place de tels outils de filtrage au niveau des réseaux des FAI, basés sur des labels attribués aux sites, ce qui sera facilité le jour où le régulateur de l'audiovisuel héritera des attributions de l'Hadopi en matière de mesures de sécurisation.
Au delà des inévitables problèmes de sur-blocage, toute la question démocratique est celle de la confidentialité des réglages demandés par les internautes. Souhaitons-nous devoir demander à notre FAI, qui en garde trace, le droit d'accéder à des sites pornographiques, à des sites pirates, à des sites jugés racistes, ou à des sites de prétendue propagande terroriste, au risque d'attirer à soi des regards inquisiteurs sur les motivations de chacun ? La liberté d'opinion et de communication est aussi celle de pouvoir consulter les informations que l'on souhaite sans avoir à en rendre compte à quiconque.
C'est la grande différence philosophique entre un filtrage activé soi-même sur son propre routeur en local, à l'abri des regards, et le filtrage activé par défaut par les FAI qui savent précisément qui demande à accéder à quels types de contenus illégaux ou moralement répréhensibles.
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