A la sortie du conseil des ministres, le Premier ministre Manuel Valls a détaillé le plan de renforcement de lutte contre le terrorisme élaboré par le gouvernement suite aux attentats commis en janvier 2015, qui passera en particulier par des moyens renforcés pour la surveillance.

Le Premier ministre Manuel Valls a présenté lui-même, lors d'une grande conférence de presse intitulée, les mesures retenues mercredi matin par le Gouvernement pour un plan de 425 millions d'euros sur trois ans, de "mobilisation générale contre le terrorisme". "Le changement d'échelle impose de prendre des mesures exceptionnelles, et non pas d'exception, pour renforcer les moyens de l'Etat", a-t-il réitéré pour annoncer, en particulier, un renforcement des moyens de surveillance des communications et des individus suspectés.

Le chef du gouvernement estime que 3 000 personnes, "en incluant les cyberdjihadistes", doivent être surveillés en France actuellement, et assure que cette surveillance est rendue plus complexe notamment par les techniques de dissimulation des communications utilisées par les terroristes. Selon des éléments publiés dans la presse, aucune activité suspecte n'aurait été découverte dans l'utilisation de leurs accès à internet par les frères Kouachi ou Amedy Coulibaly, lorsqu'ils avaient fait l'objet de mesures de surveillance. Mais la question des moyens utilisés pour élaborer leur plan et communiquer avec leurs complices reste présente.

"La première urgence, la première exigence, c'est de renforcer encore les moyens humains et techniques des services de renseignement", a expliqué Manuel Valls. "Nous devons aller plus loin". Ainsi, 1 400 postes de spécialistes du renseignement seront créés en 3 ans au sein du ministère de l'intérieur, répartis dans les différents services nationaux ou régionaux, dont 500 à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI). 530 seront recrutés dès cette année.

Manuel Valls n'est toutefois pas rentré dans les détails sur les méthodes nouvelles qui pourraient être mises en oeuvre. "Les unités en charge de la lutte contre le cyberdjihadisme bénéficieront d'équipements plus performants", a-t-il simplement promis. Interrogé sur les interceptions de sécurité, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve est lui aussi resté flou en évoquant la "capacité de mobiliser des moyens technologiques qui pour l'instant n'ont pas pu l'être", pour des motifs qui seraient essentiellement juridiques. Peut-être vise-t-il l'impossibilité légale de procéder à des collectes massives de données en France ou concernant des citoyens français.

UN TEXTE "PROTECTEUR" SUR LE RENSEIGNEMENT

Aucune mesure précise ne sera annoncée avant la présentation d'un projet de loi spécialement dédié aux services de renseignement, qui était déjà en préparation depuis de nombreux mois mais dont la présentation sera accélérée à la demande du Gouvernement. Il devrait être présenté "le plus vite possible" en conseil des ministres, pour être déposé dès le mois de mars au Parlement. Il devra permettre de "conforter les capacités juridiques d'agir des services de renseignement".

"La loi de 1991 sur interceptions de sécurité a été conçue avant Internet", a rappelé le Premier ministre. Le dispositif qu'elle prévoit, pourtant plusieurs fois amendé, n'est "satisfaisant ni sur le plan des opérations, ni sur le plan de la protection des libertés".

Alors que l'annonce d'une surveillance renforcée fait craindre de nouvelles atteintes à la vie privée avec des méthodes toujours plus proches de celles de la NSA américaine, Manuel Valls promet que le projet de loi "sera un texte protecteur des libertés". "Chaque opération sera soumise à autorisation sous contrôle d'une juridiction spécialisée", a-t-il assuré.

Il faut "plus d'efficacité dans les interceptions et plus de contrôle sur ces interceptions", a convenu Bernard Cazeneuve.

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