On ne sait pas très bien s'il s'agit de se faire peur, de faire peur ou de se faire de la publicité en surfant sur la peur. Sans doute un peu des trois. Le quotidien israélien Haaretz, pourtant réputé pour son sérieux dans le traitement de l'information, a relayé ce jeudi la prétendue découverte d'un cabinet de veille singapourien, S2T (Simulation Software & Technology), qui affirme avoir trouvé la première preuve de l'utilisation des Bitcoin pour financer le djihadisme de l'Etat Islamique. Mais même l'analyste Ido Wulkan basé à Tel Aviv reconnaît qu'il peut s'agir "d'un hoax ou d'une blague", ce qui en dit long sur la qualité de l'enquête.
Le cabinet prétend en effet aujourd'hui avoir découvert grâce à ses logiciels de surveillance du web une page de demande de dons en Bitcoins cachée au fin fond du Dark Web anonymisé par Tor, alors que Freebeacon avait déjà dévoilé son existence en 2013. La page prétend être créée par un "groupe de frères musulmans" qui souhaitent "établir un nouveau front islamique à la fois aux USA et à travers le monde", et qui demande de l'argent pour soutenir la cause.
Les premières transactions — dont on peut retracer l'historique grâce au fonctionnement transparent de Bitcoin où tous les échanges sont anonymes mais publics — remontent à septembre 2012. Il n'y a donc strictement rien de nouveau sous le soleil du cyber-djihadisme, dont l'utilisation des Bitcoins pour financer les moudjahidine reste extrêmement anecdotique.
Depuis 2012, le porte-monnaie du compte anonyme qui se revendique de l'Etat Islamique a reçu à peine plus de 5 BTC, obtenus en cinq dons seulement. Le dernier reçu date de juin 2014 et porte sur une somme minuscule (0,0016 BTC). En tout, au cours actuel, le compte a donc reçu l'équivalent d'un peu plus de 1000 euros, ce qui est ridiculement faible lorsque l'on sait que les seuls revenus pétroliers rapporteraient 800 millions de dollars par an à l'Etat Islamique. Si réellement l'EI voulait envoyer de l'argent vers des djihadistes étrangers en passant par le Bitcoin, les sommes versées seraient certainement beaucoup plus importantes que 5 BTC…
Par ailleurs, selon le groupe de hackers @CaliphateHackers (dont le compte a été fermé par Twitter) et @AmreekiWitness (idem), l'Etat Islamique aurait pour politique de ne pas accepter de dons en Bitcoin.
Ce dernier, qui se fait appeler Taqi’ul-Deen al-Munthir, était l'auteur d'un document qui a fait sensation l'an dernier, qui appelait à utiliser le Bitcoin pour aider financièrement l'Etat Islamique en envoyant des "millions de dollars de dons" depuis le monde entier. Mais lui-même a finalement renoncé depuis à collecter des BTC, et milite pour la création d'une nouvelle monnaie alternative spécifique, qu'il propose d'appeler le eDinar.
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