Un bureau chargé des sciences et des technologies au sein du parlement britannique a estimé que l'interdiction du réseau TOR au Royaume-Uni ne serait ni acceptable politiquement ni faisable sur le plan technique.

En janvier, le premier ministre britannique s'est prononcé pour l'interdiction des outils de communication qui offrent un très haut degré de confidentialité, au motif qu'il est nécessaire que l'État conserve la capacité à écouter les conversations en cas de nécessité. Quelques jours plus tard, David Cameron sollicitait le soutien de Barack Obama sur ce dossier, lors d'un déplacement aux USA.

VERS UN BANNISSEMENT DE TOR ?

Est-ce à dire que le Royaume-Uni pourrait un jour bannir l'utilisation du réseau TOR sur son territoire, au motif que l'anonymat qu'il offre aux usagers est trop efficace ?

Vu le discours de David Cameron, c'est une perspective qui n'est plus tout à fait absurde, d'autant que le réseau TOR fait polémique. En effet, il est aussi utilisé pour mener des activités illicites. Citons par exemple Silk Road, une place de marché pour acheter des stupéfiants, qui s'en servait ou encore la présence d'un certain nombre de sites pédopornographiques.

UNE OPTION POLITIQUE INACCEPTABLE

Mais l'interdiction du réseau TOR est-elle techniquement réalisable ? Pas aux yeux du bureau parlementaire des sciences et des technologies, qui dépend du parlement britannique. Au cours d'une séance d'information dont le site Daily Dot s'est fait l'écho, ses membres ont manifesté de sérieux doutes sur le bien-fondé du souhait exprimé par le premier ministre.

"Il y a un large consensus à propos duquel l'interdiction des systèmes permettant l'anonymat en ligne n'est pas tout à fait considérée comme une option politique acceptable au Royaume-Uni. Et même si c'était le cas, il y aurait des défis techniques [à relever]", note le bureau des sciences et des technologies. À titre exemple, les relais de TOR (ou "bridges") sont mentionnés comme étant très difficiles à contrer.

100 000 USAGERS DE TOR OUTRE-MANCHE

Ces derniers sont des points d'entrée alternatifs pour accéder au réseau TOR et ils n'ont pas vocation à être publics. Comme l'explique une page dédiée à ces relais, ils sont relativement efficaces pour tromper un FAI, qui pourrait ne pas remarquer que son abonné est en fait connecté à TOR. En revanche, leurs performances sont généralement moindres par rapport aux points d'accès classiques.

En somme, le bureau parlementaire des sciences et des technologies juge que l'interdiction du réseau TOR n'est pas une politique acceptable et s'avère irréaliste sur le plan technique.

Selon les statistiques fournies par Tor Metrics, le nombre d'usagers se connectant quotidiennement à TOR depuis le Royaume-Uni est évalué à 100 000. La Grande-Bretagne serait le cinquième pays le plus présent sur ce réseau, derrière les États-Unis, l'Allemagne, la Russie et la France.

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