Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes vient d’émettre une vingtaine de recommandations pour lutter contre les violences dirigées contre les femmes en ligne. L’instance invite notamment à redéfinir la notion de harcèlement pour y inclure le phénomène des « raids ».

Ce n’est pas parce qu’il se manifeste en ligne que le sexisme doit être considéré comme un phénomène moins réel que lorsqu’il se produit « dans la vraie vie » — par exemple, par le harcèlement de rue. Le 7 février 2018, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a tenu à le rappeler lors de l’annonce de son nouveau rapport, consacré aux violences subies par les femmes en ligne.

Le document obtenu en avance par Numerama et consultable sur le site du HCE, souligne qu’Internet est loin d’être « un espace de liberté et de sécurité pour les femmes, que ce soit via les réseaux sociaux ou les applications mobiles ».

Ces violences « excluent les femmes de l’espace public présentiel ou numérique »

Une réalité tristement illustrée par les vagues d’insultes et de menaces que reçoivent des femmes sur Internet : parce qu’elles expriment des positions féministes, qu’elles parlent publiquement du problème ou qu’elles cherchent à proposer des solutions, des internautes se retrouvent régulièrement victimes de cyberharcèlement et/ou de cybersexisme.

Pour le Haut Conseil, ces attaques ont un même objectif : « contrôler la place des femmes et les exclure de l’espace public présentiel ou numérique ». L’instance consultative distingue deux formes de violences : le cybercontrôle au sein du couple (lorsqu’un conjoint ou ex-conjoint surveille l’activité d’une femme) et le harcèlement sexiste et sexuel en ligne (c’est-à-dire l’envoi de messages ou la publication d’insultes et de menaces).

Afin de lutter contre ces problématiques, le HCE propose dans son rapport une série de 28 recommandations adressées à la fois aux acteurs du web et aux pouvoirs publics.

Tout d’abord, le Haut Conseil entend faire reconnaître « l’ampleur et l’impunité des violences faites aux femmes », afin de faire évoluer la législation existante. Pour cela, l’organisme préconise de mener une enquête de victimation sur le sujet des cyberviolences dirigées contre les femmes. En outre, le HCE propose que les personnes majeures puissent bénéficier d’un droit absolu à l’effacement de leurs données personnelles — le droit à l’oubli.

Redéfinir le harcèlement

Une autre recommandation concerne l’adoption de nouvelles définitions du harcèlement. En effet, lutter contre le phénomène des « raids », autrement dit les situations où une même victime est harcelée par plusieurs internautes, supposerait de faire du caractère répétitif un élément pris en compte dans les délits de harcèlement.

Le rapport s’attarde sur la manière dont plusieurs plateformes modèrent les contenus sexistes lorsque ceux-ci font l’objet de signalements. En juin et juillet 2017, le HCE a mis en lumière les limites de la modération sur Facebook, Twitter et YouTube : moins de 8 % des publications signalées par le Haut Conseil à ces sites ont fait l’objet d’une suppression.

CC Flickr WOCinTech Chat

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Le HCE interpelle les « acteur.rice.s d’Internet » afin d’automatiser l’usage des algorithmes pour répéter et supprimer les contenus à caractère sexiste les plus graves — l’instance range dans cette catégorie les menaces et les insultes.

Les réseaux sociaux sont tout particulièrement invités à harmoniser leurs procédures de signalement, avec l’ajout de motifs qui refléteraient davantage la réalité des situations de harcèlement.

Les associations féministes, des « tiers de confiance »

Les associations féministes, malheureusement habituées à gérer des situations de cyberviolences, pourraient également devenir des « tiers de confiance », chargés de faciliter les signalements et la suppression de nature sexiste.

Enfin, le Haut Conseil termine son rapport en proposant de former les professionnels de santé (médecins généralistes, services d’urgences, infirmiers scolaires) aux conséquences que peuvent avoir les cyberviolences. Elles sont en effet à l’origine de traumatismes, assimilables à ceux que peuvent endurer les victimes d’agressions sexuelles et de viols.

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