« Tous les jours, les services dont j’ai la responsabilité protègent, démantèlent des réseaux et déjouent des actes qui pourraient avoir des conséquences totalement dramatiques si nous ne neutralisions pas ces acteurs« , avait déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve lors d’une interview à RTL le 3 novembre 2014. « Nous n’en parlons pas, parce qu’il n’est pas nécessaire de parler de ce qui se fait et qui est de nature à protéger les Français. Vous remarquerez que généralement, dans la fonction qui est la mienne, on ne parle pas de ce qui se fait et qui donne des résultats« .
Le ministre de l’Intérieur réagissait alors au micro de Jean-Michel Apathie à l’annonce de la publication par voie de presse d’une note en principe secrète de la DGSE qui affirmait qu’au moins trois attentats avaient été déjoués. Sans doute un hasard alors que le lendemain, 4 novembre 2014, le Sénat votait l’adoption définitive de la loi anti-terrorisme qui permettait entre autres de censurer des sites sur simple ordre du ministre de l’Intérieur, ce que le Gouvernement a fait dès le début de cette année, avec déjà un premier abus probable, contre lequel nous avons décidé d’intenter un recours.
Rien ne permet de dire que la note de la DGSE était fausse. Elle était même probablement vraie. Et quoique certainement exagérés, les propos de propos de Bernard Cazeneuve selon lesquels des attentats sont déjoués « tous les jours » sans que personne n’en parle sont certainement proches de la réalité aussi.
Mais alors comment expliquer que le ministre de l’Intérieur qui se félicitait il y a moins de six mois de garder le silence sur les attentats déjoués se mette d’un coup à organiser ce mercredi matin une conférence de presse pour annoncer et livrer les détails de l’arrestation dimanche d’un étudiant en informatique de 24 ans qui aurait projeté des attentats contre des églises ?
De deux choses l’une. Soit le Bernard Cazeneuve de novembre 2014 mentait lorsqu’il affirmait que des attentats étaient régulièrement déjoués dans le plus grand secret, ce qui serait rassurant sur la réalité de la menace terroriste. Soit le Bernard Cazeneuve d’avril 2015 instrumentalise un projet d’attentat qui aurait pu rester secret, pour se donner les moyens de justifier la surveillance accrue de la population à une dizaine de jours du vote du projet de loi Renseignement, programmé le 5 mai prochain.
Nous ne voyons pas d’alternative à ces deux propositions.
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