Le développement de « l’hôpital numérique » va constituer pour le gouvernement l’un des gros chantiers du quinquennat en matière de dématérialisation. D’ailleurs, signe de son importance, ce dossier constitue l’un des cinq grands axes figurant dans la « stratégie de transformation du système de santé », avec les soins, le financement et la rémunération, les ressources humaines et l’organisation territoriale.
Comme pour les autres travaux visant à adapter au numérique la totalité des services publics — le gouvernement tenait d’ailleurs au début du mois de février un comité interministériel au cours duquel a été dévoilé le calendrier des premières mesures (aide juridictionnelle, formalités de rentrée scolaire, etc) –, l’échéance en matière que se fixe l’exécutif pour la mise au point de son plan est pour 2022.
Trois « objectifs stratégiques », selon les propres termes de Matignon, devront être atteints à cette date : « l’accessibilité en ligne, pour chaque patient, de l’ensemble de ses données médicales », « la dématérialisation de l’intégralité des prescriptions. » et « la simplification effective du partage de l’information entre tous les professionnels de santé ».
« Plus encore que dans d’autres domaines, le pilotage des projets de numérique en santé nécessite une bonne coordination entre l’État et l’assurance maladie et un décloisonnement entre la ville et l’hôpital », estime le gouvernement. C’est la raison pour laquelle une mission e-santé est annoncée, sous l’égide d’Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé.
Cette mission « sera issue du regroupement de l’ensemble des différentes instances actuellement existantes au sein du ministère », avec la mobilisation de la délégation à la stratégie des systèmes d’information de santé et de l’agence des systèmes d’information partagés de santé, ajoute le gouvernement. Une attention toute particulière est attendue sur la fiabilité et la robustesse de ces systèmes.
En effet, au regard des données par nature très sensibles qu’ils accueilleront, puisqu’elles sont d’ordre médical, des exigences particulièrement élevées en matière de sécurisation doivent être appliquées pour réduire les risques de piratage. En la matière, le concours de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, qui protège notamment les opérateurs d’importance vitale, serait le bienvenu.
Il faut se souvenir que lors de l’épisode de WannaCrypt, un rançongiciel bloquant l’accès aux fichiers et aux dossiers pour exiger ensuite un paiement en échange de leur libération, des hôpitaux ont été touchés.
Financement des projets
Du côté des financements, une enveloppe de 9 milliards d’euros tirée des 57 milliards d’euros du Grand Plan d’Investissement est prévue pour la numérisation de l’État. En ce qui concerne la « numérisation des hôpitaux et des environnements », un budget de 420 millions d’euros a été annoncé l’automne dernier, afin « d’accélérer la transformation numérique des établissements de santé pour rapprocher les hôpitaux de leurs patients ».
Par ailleurs, des moyens ont aussi été annoncés pour la télémédecine. Des moyens plus modestes toutefois : 50 millions d’euros. Avec cette somme, il s’agit « de renforcer la présence médicale dans les territoires, notamment dans les territoires ruraux et dans les territoires ultramarins, où l’organisation de téléconsultations permettra de faciliter l’accès aux soins ».
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