En 2013, alors qu'éclatait l'affaire PRISM avec les premières révélations d'Edward Snowden sur l'accès de la NSA aux données stockées chez les géants du web américains, le patron du renseignement belge Eddy Testelmans avait tenu à défendre le programme de ses homologues, en faisait une révélation. "Dans trois cas, un possible acte terroriste a été déjoué sur la base d'une info dont nous pouvons supposer qu'elle venait directement du système Prism, et qui nous a été fournie par les canaux classifiés", avait-il affirmé. "Si la NSA ne nous avait pas relayé l'info, nous n'en aurions rien su".
Le militaire en profitait pour expliquer que ses révélations justifiaient que l'Europe se dote des mêmes capacités de renseignement pour être "suffisamment armée pour la lutte contre le terrorisme, contre la criminalité transfrontalière grave et la prolifération des armes de destruction massive".
C'est dans cet esprit que la France vient d'adopter en première lecture sa loi Renseignement, malgré l'opposition d'une coalition inédite d'associations et de personnalités que le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé comme étant des "pressions" sur les parlementaires, qu'ils n'auraient "heureusement" pas suivi.
MENTEUR OU MANIPULÉ
Mais on apprend cette semaine qu'Eddy Testelmans avait menti, ou alors qu'il s'est fait avoir comme un débutant par les services américains. Le journal néerlandophone De Tijd indique en effet qu'un rapport d'un Comité officiel belge a démenti les informations communiquées à l'époque par le patron du Renseignement dans le magazine MO*, et que celui-ci a confirmé qu'il s'était un peu trop avancé. "Au moment de l'interview le 6 août 2013, je n'avais que des informations de la NSA elle-même, basées sur des informations qu'ils avaient principalement fourni aux États", tente-t-il d'expliquer. "C'est seulement rétrospectivement, et après davantage d'analyse par les services de renseignement belges, qu'il est venu à ma connaissance que les informations de la NSA devaient être mises en perspective et atténuées".
En d'autres termes, au moment où le scandale PRISM apparaissant, les Etats-Unis ont affirmé à leurs homologues que le programme illégal de la NSA avait permis de fournir différentes informations permettant de déjouer des attentats, et qu'il était donc légitime à défaut d'être légal. Affirmations que le patron du renseignement belge avait choisi de relayer en l'état, sans aucune précaution, parce qu'elles lui permettaient de demander le même jouet que les Américains.
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