Netflix a bien choisi son moment. Alors que s'est ouvert le festival de Cannes, véritable grand-messe du cinéma international, la plateforme américaine de vidéo à la demande sur abonnement (SVOD) a jeté un pavé dans la mare en accusant la chronologie des médias – un dispositif qui organise la disponibilité des films en fonction des modes d'exploitation – d'affaiblir le cinéma.
"La chronologie des médias, en France, favorise le piratage. Devoir attendre trois ans pour que les gens puissent voir un film comme ils le souhaitent encourage cette pratique", a lâché Ted Sarandos, le directeur des programmes du service, lors d'une conférence. "Cela ne protège pas le cinéma", a-t-il poursuivi, dans des propos rapportés par l'AFP.
Dans le cadre actuel de la chronologie des médias, dont la dernière révision remonte à l'été 2009, un site comme Netflix a l'obligation d'attendre trois ans pour proposer un film qui vient d'être exploité dans les salles de cinéma. C'est pour cette raison que la plateforme est dans l'impossibilité de proposer le moindre film récent (ce dispositif ne concerne pas les séries télévisées, en revanche).
L'intérêt de Netflix est évidemment de pousser en faveur d'une réforme de la chronologie des médias, afin d'avoir des longs-métrages "neufs" plus vite. Pendant un temps, l'ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a évoqué une fenêtre ramenée à deux ans, mais cette idée n'a jamais été concrétisée. Régulièrement, des voix s'élèvent pour demander une remise à plat du dispositif.
Dans une étude conduite par le département recherche, études et veille de la Hadopi et l'institut du CSA, il a été mis en lumière qu'un tiers des pirates privilégient un site licite lors de leurs recherches mais se replient sur une stratégie illicite en cas d'échec. Parmi eux figurent des utilisateurs attirés par un service SVOD ou qui y sont déjà abonnés.
Du fait des délais imposés par la chronologie des médias, toutes les recherches sur des films récents dans des services de SVOD aboutissent nécessairement à un échec. Certains de ces consommateurs ont résolu cette défaillance de l'offre légale en passant par des canaux illicites. Une révision de ce mécanisme contribuerait pourtant à remettre certains utilisateurs dans les clous de l'offre légale.
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