À la mi-décembre, le gouvernement a lancé une consultation publique sur la 5G afin de préparer une feuille de route puis une stratégie nationale sur l’ultra haut débit mobile. En effet, le déploiement de cette norme, qui succédera à la 4G, doit débuter aux alentours de 2020. Autant dire demain.
Avec cette nouvelle génération des standards de la téléphonie mobile, les utilisateurs auront accès à des débits bien supérieurs à ce que peuvent proposer les réseaux sans fil actuels. Cette capacité accrue s’accompagnera aussi d’une réduction significative du temps de latence dans la transmission de données.
Ces avancées seront évidemment utiles pour le mobinaute mais elles devraient surtout être décisives dans de nombreux secteurs économiques. Ainsi, on attend par exemple beaucoup de la 5G pour l’e-santé, la domotique, les voitures autonomes ou encore les réseaux d’énergie intelligents.
5G et neutralité du net
Or, il existe des craintes légitimes sur les effets indésirables que la 5G provoquera au moment de son arrivée. En particulier, cette nouvelle norme pourrait servir de prétexte aux opérateurs pour mettre un terme à la neutralité du net, en tout cas sur cet accès-là. En France, Orange ne s’en cache d’ailleurs pas.
C’est pour cette raison que la Quadrature du Net et la Fédération des fournisseurs d’accès à Internet associatifs (FFDN) ont décidé, dans leur réponse conjointe à la consultation publique, qui a été rendue au tout dernier jour de cette démarche, le 16 février 2018, de mettre l’accent sur cet enjeu.
« La 5G est un argument récurrent pour créer des brèches dans la réglementation sur la neutralité du net », observent-ils, pointant le cas de la voiture autonome. L’arrivée de ces véhicules nécessitent en effet un traitement particulier, avec une latence aussi réduite que possible et la certitude que les flux de données ne souffriront pas d’une congestion sur le réseau, pour des raisons évidentes de sécurité routière.
« Or le règlement européen sur l’Internet ouvert permet actuellement, via notamment les services gérés, de mettre en place des services nécessitant une qualité de service spécifique », relèvent la Quadrature et la FFDN. Nul besoin, donc, de donner des coups de canif dans la neutralité du net.
5G et couverture du territoire
La réponse des deux organisations s’est aussi attachée à rappeler l’importance de ne pas baisser les efforts en matière de couverture du territoire concernant l’Internet fixe. « Malgré tous les avantages que présentent la 5G, son développement ne doit pas être un moyen pour les opérateurs de retarder encore l’accès à la fibre dans les zones blanches », mettent-ils en garde.
Une crainte légitime : considérant que le plan très haut débit, qui consiste à déployer la fibre optique partout sur le territoire n’est pas viable, le gouvernement privilégie depuis l’élection d’Emmanuel Macron une solution mixte avec de la 4G. L’exécutif a d’ailleurs surtout invité les opérateurs à se concentrer là-dessus, en leur proposant même de passer un deal pour ne pas leur refacturer l’usage de certaines fréquences.
Il ne s’agit pas de dire que l’Internet fixe est abandonné, mais il risque de passer au second plan face à la 4G. Et peut-être même au troisième avec la 5G. Et ce problème touchera en priorité les zones blanches, c’est-à-dire les zones rurales et isolées, car dans les principaux centres urbains, le déploiement de la fibre optique est déjà fait ou est en cours.
Problématiques de spectre
La réponse de la FFDN et de la Quadrature a a aussi porté sur des sujets qui sont moins visibles par le grand public. Plus techniques, ils concernent les fréquences du spectre radioélectrique. C’est en effet par celui-ci que les opérateurs récupèrent des plages de fréquences et peuvent ensuite commercialiser leurs offres sans fil.
Les problématiques soulevées vont de la durée d’allocation des fréquences (les opérateurs sont accusés de chercher à les garder le plus longtemps possible) à l’accès au spectre (il est difficile pour un acteur modeste de satisfaire les exigences demandées), en passant par la libération du spectre (absence de licence pour s’en servir).
L’été dernier, le régulateur des télécoms a commencé à procéder à une réorganisation des fréquences pour préparer l’arrivée de la 5G. En attendant l’arrivée effective de la 5G commerciale en France, les expérimentations vont monter en puissance. Après des tests ponctuels, près de dix sites pilotes doivent être mis en place en 2018 et 2019. Le but est d’avoir au moins une grande ville couverte en 5G en 2020.
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