Facebook pourrait-il un jour supprimer le bouton "J'aime", parce qu'il aura compris ce que ses utilisateurs aiment juste en observant leur comportement ? Nous en sommes encore loin mais c'est toute l'idée que le réseau social développe avec de nouveaux algorithmes qui lui permettent de trier le fil d'actualités en fonction des goûts de chacun, sans qu'ils les déclarent. Plus ça va, moins Facebook prend en compte ce que l'internaute dit aimer, et plus il tente de deviner ce que l'utilisateur aime vraiment.
Ainsi après avoir baissé le ranking des pages "likées", dans un objectif avant tout commercial, la firme de Mark Zuberckerg a annoncé vendredi dernier qu'elle analysait désormais le temps que passait l'internaute à regarder certains contenus sur Facebook pour déterminer leurs centres d'intérêts.
Lorsque vous scrollez votre fil d'actualités pour voir les posts publiés par vos amis, le fait de dire "j'aime" sur une énième photo du chaton de la cousine aura ainsi beaucoup moins de poids dans le tri des messages affichés lors de vos prochaines visites que le fait de passer 10 minutes à lire discrètement tous les commentaires laissés sur un message de votre ex qui est toujours dans vos "amis", ou de passer du temps à lire les messages qui parlent en mal des immigrés, ou qui disent du bien de l'avortement.
QUELLE LIBERTÉ D'OPINION SANS CONFIDENTIALITÉ ?
Même si vous ne cliquez jamais sur rien, Facebook détecte que vous ne vous vous attardez pas sur certaines thématiques ou sur les posts de certaines personnes, et que vous restez au contraire à lire tous les messages qui parlent de certains sujets ou de certains amis.
Comme nous l'expliquions dans notre récente conférence au Web2Day, c'est notre liberté d'opinion qui est en jeu, car l'on sait désormais que même les centres d'intérêt que l'on ne déclare pas publiquement peuvent être déduits et analysés de notre activité que l'on croyait privée. Se sentira-t-on libre de lire la propagande d'un groupe politique si l'on redoute que le simple fait de passer du temps à la lire soit analysé comme une adhésion morale aux convictions exprimées ? La question n'est encore que très théorique et résonne comme une réflexion paranoïaque (elle l'est), mais il faut avoir conscience que nous ne sommes encore qu'à la préhistoire de la mise en réseau des cerveaux à travers les réseaux sociaux.
Qui sait ce qui sera fait dans 10, 50 ou 200 ans, dans des contextes politiques impossibles à anticiper, des outils d'analyse comportementale prédictive déployés aujourd'hui pour détecter de potentiels terroristes ou pour traquer des pédophiles ?
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