La journaliste américaine Laurie Penny, qui écrit des articles engagés sur le sexisme dans le magazine New Statesman et dans le quotidien britannique The Guardian, a vu son compte Facebook bloqué, pour ne pas y avoir utilisé sa vraie identité. "Merci à Facebook de m'obliger à utiliser mon vrai nom. Je risque désormais davantage de recevoir des menaces de viol et de mort", dénonce-t-elle.
Sur Twitter, la journaliste explique qu'elle avait choisi d'utiliser un pseudonyme sur son compte Facebook, pour ne pas avoir à subir les trolls et pouvoir interagir plus discrètement sur le réseau social. Mais malgré des affaires à répétition, et bien que l'anonymat soit reconnu comme un droit de l'homme, la firme de Mark Zuckerberg continue à exiger que les internautes utilisent leur vrai nom lorsqu'ils s'inscrivent sur Facebook.
Just got suspended by Facebook because I've been using a pseudonym so I can hide from goddamned trolls.
— Laurie Penny (@PennyRed) 24 Juin 2015
Thanks to @facebook forcing me to use my real name, I am now at more risk of rape and death threats. But enjoy flogging that data, guys.
— Laurie Penny (@PennyRed) 24 Juin 2015
"Lorsque les personnes expriment leur avis et agissent en utilisant leur véritable identité et leur réputation, notre communauté devient davantage responsable", assure le service dans ses "standards de la communauté". La firme dit que "l'exigence de Facebook concernant l'utilisation d'un nom réel crée un environnement plus sûr", estimant que les internautes qui agissent sous leur vrai nom adoptent un comportement plus conforme aux lois et à la morale que lorsqu'ils peuvent se cacher derrière une identité fictive.
Lorsqu'il a un doute sur l'identité d'un internaute, Facebook peut suspendre son compte et lui demander de fournir des copies de ses pièces d'identité.
L'an dernier, Facebook avait promis une révision de sa politique après que la communauté LGBT s'était élevée contre l'impossibilité pour les drag queens d'utiliser leur nom de scène, ou pour les transgenres d'utiliser le nom de leur choix, correspondant mieux à leur identité sexuelle ressentie. "Notre politique n'a jamais été d'exiger que tout le monde utilise son véritable nom sur Facebook. L'esprit de notre politique est que chacun sur Facebook utilise le nom qu'il utilise dans la vie", s'était excusé Facebook.
A l'époque, le site exigeait des utilisateurs qu'ils utilisent "leur vrai nom, tel qu’il apparaît sur votre carte de crédit, votre permis de conduire ou votre carte d’étudiant". Désormais les règles sont légèrement assouplies puisqu'elles parlent de "véritable identité" et d'un "nom réel", qui peut être choisi par l'utilisateur, à condition qu'il s'agisse du nom qu'il utilise aussi "dans la vraie vie". Il n'est donc pas question pour quelqu'un qui craint d'être harcelé sur Facebook d'utiliser un nom d'emprunt spécialement pour le réseau social.
Laurie Penny rappelle par ailleurs qu'il est très facile de dire qu'il faut "quitter Facebook" si l'on est en désaccord avec les règles, mais que dans les faits, Facebook est incontournable. Sauf à vouloir (et pouvoir, dans le cas d'une journaliste) se couper d'une partie désormais importante de la vie sociale et culturelle, voire familiale.
People who tell users to 'get off Facebook' if they don't like the real names policy don't understand how the company makes itself mandatory
— Laurie Penny (@PennyRed) 24 Juin 2015
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