À l'origine de l'expression "neutralité du net" qu'il a employée dans un article juridique publié en 2003, et qui est aujourd'hui très largement répandue pour décrire le principe du traitement égal de tous les flux de données sur Internet, Tim Wu observe avec beaucoup d'attention les débats européens sur ce sujet. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le professeur de droit n'est pas rassuré.
La préoccupation de Tim Wu vise essentiellement les propositions de la Commission européenne, qu'il juge très insuffisantes pour protéger convenablement les intérêts du Vieux Continent.
Cité par l'ONG European Digital Rights à la suite de plusieurs réunions de haut niveau avec Bruxelles, il craint par exemple que "l'Internet en Europe ne s'en remettra jamais si ces suggestions sont adoptées". À propos des services en ligne, Tim Wu prévient qu'elles pourraient garantir la prédominance des plateformes américaines en Europe pour les années à venir.
Malgré un vote formidable du Parlement européen en faveur de la neutralité du net, qui a permis d'adopter une version amendée d'un rapport-clé qui définit pour la première fois la neutralité du net et lui confère un cadre protecteur sur le Vieux Continent, il ne s'agit pas d'un scrutin définitif. De nombreuses étapes restent à franchir et, par conséquent, la victoire est encore très loin d'être acquise.
Cela se constate aisément avec la position du commissaire européen en charge du numérique, Günther Oettinger.
Alors qu'il avait déjà envoyé des signaux franchement défavorables lors de son audition d'intronisation en évoquant une neutralité du net "progressive", l'intéressé a de nouveau refusé ce mois-ci de garantir ce principe pourtant crucial, au nom de la nécessité de favoriser l'innovation pour les services qui exigent un haut niveau de qualité de l'accès.
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