Une ex-employée de Facebook, transgenre, a été suspendue du réseau social pour avoir utilisé son vrai nom d'origine plutôt que son identité usuelle, qu'elle utilisait y compris chez Facebook, lorsqu'elle y travaillait encore.

L'histoire est pour le moins ironique, et elle serait comique si elle n'était pas vécue comme douloureuse par la victime. Il y a un peu plus d'un an, Facebook reconnaissait la transexualité en proposant à ses membres de ne plus se définir comme homme ou comme femme, mais de remplir un champ libre pour décrire le genre qui leur correspond le mieux. C'est une ingénieure transgenre de Facebook qui avait milité en interne et obtenu cette évolution qui reconnaissait le droit, pour les transgenres, de ne pas choisir. Mais un an plus tard, cette ex-employée raconte que son compte Facebook a été suspendu, parce qu'elle y utilisait son nom de femme transgenre plutôt que son état civil de naissance.

Or, ironie supplémentaire, Facebook en tant qu'entreprise avait parfaitement accepté que cette employée utilise en interne le nom qu'elle avait choisi lors de sa transition débutée il y a 6 ans.

Dans son billet, "Zip" explique qu'elle s'était inscrite sur Facebook avec son nom d'emprunt parce que c'est sous cette identité qu'elle voulait être connue, et sous cette identité que la connaissaient toutes ses relations LGBT, qui utilisaient Facebook pour se connaître et se soutenir. L'obliger à utiliser son nom vrai nom c'est l'obliger à utiliser une identité qui n'est plus reconnue par ses ami(e)s, mais c'est surtout l'obliger à utiliser une identité qui n'est plus la sienne. Les transgenres qui changent de nom doivent donc "choisir entre un nom avec lequel ils ne s'identifient pas et qu'ils ne veulent pas utiliser, ou être déconnectées". C'est une punition à une petite mort sociale, pour ces personnes pour qui Facebook est vécu comme un moyen difficilement contournable d'avoir des relations sociales avec des personnes qui comprennent parfaitement leurs choix de vie, voire les partagent.

La semaine dernière, en évoquant le cas d'une journaliste elle-même bloquée par Facebook pour avoir utilisé un nom d'emprunt, nous rapportions pourtant que la politique de Facebook s'était assouplie en apparence depuis que le réseau social avait promis des modifications favorables aux LGBT. Officiellement, Facebook ne demande plus un vrai nom "tel qu’il apparaît sur votre carte de crédit, votre permis de conduire ou votre carte d’étudiant", mais une "vraie identité", qui peut être démontrée par tous moyens.

Mais le réseau social autorise toujours des membres à en dénoncer d'autres lorsqu'ils n'utilisent pas leur identité civile, ce qui peut provoquer des suspensions automatisées, le temps que des vérifications soient faites. Or ces dénonciations anonymes sont très souvent réalisées par des personnes hostiles aux LGBT. Dans le cas de "ZIP", la dénonciation a eu lieu au moment où elle manifestait sa joie que la Cour Suprême ait imposé la reconnaissance du mariage homosexuel partout aux Etats-Unis.

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