François Hollande pourra avoir une petite satisfaction, lui qui avait demandé la dissolution d'UberPOP. Après la très forte pression judiciaire mise sur les dirigeants français, qui ont été placés en garde à vue et seront jugés en septembre pour exercice illégal de la profession de taxi et travail dissimulé, la maison-mère a annoncé vendredi qu'elle suspendait le service qui permettait à des particuliers de se faire chauffeurs privés à la place des VTC ou des taxis, moyennant quelques deniers.
Le service sera suspendu à partir de 20 heures ce vendredi soir. "En premier lieu pour préserver la sécurité des chauffeurs Uber, ce qui a toujours été notre priorité", assure le directeur général d'Uber France, Thibaud Simphal, dans une interview au Monde. "La seconde raison est que nous souhaitons nous situer dans un esprit d’apaisement, de dialogue avec les pouvoirs publics et montrer que l’on prend nos responsabilités".
La société espère que d'ici là, le conseil constitutionnel aura rendu un avis favorable à ses demandes de QPC, qui visent à invalider en partie la loi Thévenoud de 2014, laquelle fait interdiction de créer un service de mise en relation de clients avec des chauffeurs qui ne sont ni taxis ni VTC.
1300 PERSONNES SANS AUTRE ACTIVITÉ
Comme nous l'avions expliqué en critiquant le modèle de société Uber, le préjudice est surtout pour les chauffeurs particuliers, qui sont ceux qui endossaient l'essentiel du risque juridique de l'arrêt de l'activité d'UberPOP. Uber indique que 10 000 conducteurs occasionnels étaient inscrits sur la plateforme, dont 13 % n'ont pas d'autre activité professionnelle à côté. Mais faute d'être couverts par un statut de salarié, et à moins qu'ils entament une procédure judiciaire visant à la reconnaissance de ce statut, ils ne toucheront aucune indemnité, ni de licenciements, ni de couverture Assedic.
"87 % des chauffeurs UberPop ont une autre activité à côté. Leur recette moyenne annuelle est de 8 200 euros, ce qui correspond environ aux coûts annuels de leur véhicule. Je tiens à les remercier ici pour leur calme et leur attitude exemplaire malgré les difficultés et la violence", déclare Thibaud Simphal. Mais la violence n'est pas que physique. Elle est aussi sociale, lorsqu'une entreprise monte un modèle tel que le risque de l'échec est pris quasi exclusivement par ceux qui la font vivre.
"On va les aider", promet Uber France. Mais uniquement pour "trouver un moyen de remettre ces milliers de conducteurs sur la route". "On va les aider dans la course d’obstacles pour devenir VTC". Des VTC pour Uber, bien sûr.
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