Pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme sur le web, la France compte durcir ses lois, a prévenu ce lundi 19 mars Edouard Philippe. C’est lors d’un discours au Musée national de l’Histoire de l’immigration à Paris que le Premier ministre a expliqué que la loi française allait être modifiée afin de « renforcer les obligations » de signalement (et, in fine, de suppression) de contenus illicites sur internet. Pour l’homme politique, ces attaques échangées sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et tutti quanti) ne « sont pas des opinions, mais des délits. Un délit, ça se constate, ça se punit ». Voilà qui est dit.
Opérateurs et réseaux sociaux en ligne de mire
Ce dispositif, prévu pour la période 2018-2020, fait suite à celui lancé après les attentats de 2015, où les messages (et actes) antisémites et plus particulièrement anti-musulmans ont atteint leur acmé. La lutte contre la cyberhaine est à la fois la première et principale pierre de l’édifice. En effet, le gouvernement entend bien « proposer une initiative législative européenne pour imposer un retrait plus rapide des contenus illicites et renforcer le régime de responsabilité des opérateurs », L’hexagone va donc se battre pour contraindre les opérateurs (et, encore une fois, les réseaux sociaux) à retirer le plus rapidement que possible les quolibets haineux, racistes et/ou antisémites. « Il ne faut pas se contenter de l’espérer. Il faut se battre. Et on va se battre », a clamé le chef du gouvernement.
Ce qui m’énerve, c’est que de nos jours, il semble plus facile de retirer la vidéo pirate d’un match de foot sur les réseaux sociaux qu’une atteinte antisémite ou raciste.
La loi française ne sera pas épargnée, puisqu’elle devrait, elle aussi, subir quelques modifications salvatrices. « Nous avons des marges de manœuvre. Des marges qui permettent de renforcer les obligations », a assuré Edouard Philippe. « On ne me fera jamais croire que les réseaux sociaux seraient des espaces hors-sol. Pour moi, tout ce qui est publié et diffusé en France, est publié et diffusé en France. Et doit donc répondre aux lois de la République ». Avant d’ajouter, lapidaire : « Ce qui m’énerve, c’est que de nos jours, il semble plus facile de retirer la vidéo pirate d’un match de foot sur les réseaux sociaux qu’une atteinte antisémite ou raciste. »
Les pistes envisagées
Pour parvenir à ses fins, l’homme politique envisage déjà quelques pistes possibles. Par exemple, en distribuant de lourdes amendes aux réseaux sociaux qui ne retireraient pas des propos haineux sous 24 heures, à l’instar du voisin allemand. Sont aussi examinées, les fermetures de comptes ayant massivement partagé des messages de haine ou l’enquête sous pseudonyme de cyber détectives sur les espaces de discussions ouverts à tous. Sur le plan éducatif, ce dispositif comprend aussi la création d’une équipe nationale de réaction, mobilisée afin d’assister les acteurs du domaine pédagogique lors de situations à caractère conflictuel. Tout un programme qui n’attend qu’à être exécuté, donc. Mais ces précautions suffiront-elles à occire la cyberhaine ?
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