En fouillant dans le code source des archives du rapport de transparence de Google sur le droit à l'oubli, le Guardian s'est aperçu qu'il existait des données cachées plus précises que celles affichées publiquement sur le site officiel. Alors que le rapport public de Google n'affiche qu'une répartition très sommaire du nombre des URL supprimées par rapport au nombre total des demandes, le code source montrait des données inexploitées permettant de voir, en particulier, la qualité des personnes qui demandaient à faire supprimer des résultats dans les recherches correspondant à leur nom.
On pouvait ainsi voir qu'en France, entre le 29 mai 2014 et le 23 mars 2015, une écrasante majorité (98 %) des demandes de censure de résultats étaient formulées par des particuliers sans histoire, qui demandaient à ce que certains résultats gênants pour leur réputation ou devenus obsolètes ne soient plus affichés dans les résultats liés à leur nom. Sur environ 45 000 demandes reçues, seules 191 provenaient de "personnalités publiques" (artistes, chefs d'entreprise, sportifs…), et 224 de personnalités politiques. 256 demandes provenaient de victimes ou d'auteurs de "crimes sérieux".
Selon le code source, 66 demandes de droits à l'oubli de responsables politiques ont été acceptées par Google au 23 mars 2015, soit près de 30 % des demandes classées dans cette catégories. 34 demandes de "personnalités publiques" ont également été acceptées (17 %).
GOOGLE FAIT JUGE
Par sa décision Google Spain qui a obligé Google à reconnaître un "droit à l'oubli", la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a fait peser sur l'entreprise privée la responsabilité de juger de l'intérêt ou non pour le public d'une information accessible en tapant le nom d'une personne dans le moteur de recherche. "Les liens vers des pages web contenant ces informations doivent être supprimés de cette liste de résultats, à moins qu’il existe des raisons particulières, telles que le rôle joué par cette personne dans la vie publique, justifiant un intérêt prépondérant du public à avoir, dans le cadre d’une telle recherche, accès à ces informations", avait ainsi prévenu la Cour. Elle précisait que le tri devait être fait au regard de "la nature de l’information en question et de sa sensibilité pour la vie privée de la personne concernée ainsi que de l’intérêt du public à recevoir cette information".
Interrogé par The Guardian, Google a précisé que les données visibles dans le code source n'avaient pas été rendues publiques car il s'agissait d'un test, et qu'il n'était pas satisfait de la fiabilité de ces données. Il précise qu'il continue à y travailler, ce qui répondrait à la demande de transparence accrue faite en mai dernier par près d'une centaine d'universitaires, inquiets du pouvoir de censure arbitraire confié à Google.
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