Jonathan Hirshon est une petite légende de la Silicon Valley, autant qu'un paradoxe à lui tout seul. Expert de la communication et du marketing, qui a dirigé les relations presse de Sony Corporation, travaillé plus d'une dizaine d'années pour Apple, et a été impliqué dans la conception technique des produits de nombreux clients, Hirshon passe toute sa vie professionnelle à faire que les produits de ses clients soient connus, et à faire connaître sa propre entreprise Horizon PR. Mais lui-même s'est lancé comme défi il y a déjà plus de vingt ans que son visage n'apparaisse pas sur internet, en allant jusqu'à porter des masques devant des blogueurs qui portent des Google Glass, ou à exiger d'être filmé en contre-jour dans des interviews.
Et pour l'instant ça marche, comme le raconte un reportage fascinant de Fast Co.
En deux décennies, malgré une activité très intense sur internet et dans les conférences professionnelles, sa photo n'a été publiée que deux fois sur internet. Ces deux fois, il a pu obtenir à temps leur retrait, sans subir le redouté effet Streisand.
Ce qui était relativement simple à faire il y a encore une dizaine d'années devient cependant de plus en plus compliqué à l'ère des réseaux sociaux et de l'intelligence artificielle, où les membres peuvent tagger contre leur gré les personnes qu'ils prennent en photo (ce qui est toujours interdit en Europe), et ainsi donner aux cerveaux virtuels les références qui leur permettent de reconnaître les individus sur des photos non taggées, même lorsque leur visage n'est pas visible.
TROMPER L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
C'est donc pour tenter de flouer les algorithmes de Facebook que Jonathan Hirshon s'est tourné vers tous ses amis sur le réseau social, pour leur demander de tagger en masse des photos avec son nom. Mais pas avec son visage. "Prenez un moment et taggez-moi dans une image ou une photo prise au hasard", a-t-il demandé. "Une feuille dans le vent, un singe qui hurle, des équations mathématiques, George Clooney, un gros tas d'excréments… choisissez une image dont vous pensez qu'elle me correspond ou en fonction de vos caprices".
Il pense ainsi que même dans le cas où un internaute venait à tagger une vraie photo de lui avec son nom, Facebook ne saurait pas qu'il s'agit du vrai Jonathan Hirshon, et n'accorderait qu'une importance toute relative à ce cliché, noyé parmi bien d'autres. C'est en quelque sorte l'équivalent pour la reconnaissance faciale du Google Bombing.
"Vous aurez probablement compris que j'ai une assez bonne compréhension de la technologie de reconnaissance faciale", fait-il remarquer au journaliste de Fast Co, pour expliquer sa démarche, sans vouloir en dire de trop. "J'ai travaillé pour un certain nombre d'entreprises dans le secteur [de la sécurité et de l'information]. Vous pouvez vous contenter de ça, les gens tireront leurs propres conclusions".
Et si jamais votre photo est déjà connue des réseaux sociaux, mais que vous voulez passer inaperçu en certaines circonstances, rappelons qu'il existe des techniques de maquillage qui trompent les intelligences artificielles. Pour l'instant.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !