Condamnée à 35 ans de prison pour avoir fourni des documents à Wikileaks, l'ancienne analyste de l'armée américaine Chelsea Manning (autrefois Bradley Manning) a été condamnée à 21 jours de privation d'activités "récréatives", pour des motifs d'une rare sévérité.

Chelsea Manning, l'identité transgenre féminine du soldat Bradley Manning condamné pour avoir fourni plus de 700 000 documents confidentiels à Wikileaks, fait l'objet d'un traitement sans concession dans son établissement pénitencier de Leavenworth. La lanceuse d'alerte qui a permis la diffusion des câbles diplomatiques américains et de vidéos compromettantes pour l'armée américaine a été condamnée par une commission disciplinaire à 21 jours de privation d'activités "récréatives" — en fait avoir le droit de faire du sport, de se cultiver à la bibliothèque ou de prendre l'air, ce qui est reconnu comme des droits fondamentaux de tout prisonnier.

Elle n'a pas tenté de s'évader ou d'égorger un colocataire de cellule, mais a été poursuivie pour "comportement désordonné" à la cantine (en fait avoir renversé de la nourriture par terre), "manque de respect" envers un gardien (avoir ensuite demandé à voir un avocat lorsqu'elle a été réprimandée), et détention d'objets interdits. Des couteaux ? De la drogue ? Un téléphone mobile ? Non, du dentifrice périmé depuis avril 2015 (une "utilisation impropre d'un médicament" selon la prison), des livres et des magazines (sur la politique et les communautés LGBT, dont le numéro de Vanity Fair avec Caitlyn Jenner en couverture).

C'est qu'on ne plaisante pas avec le règlement.

Chelsea Manning échappe toutefois à plus lourde condamnation puisqu'elle risquait théoriquement une mise à l'isolement à durée indéterminée, ce qui est un traitement en principe réservé à ceux qui représentent un danger pour eux-mêmes ou pour les autres prisonniers. Elle a en revanche échoué à obtenir une audience publique.

La détenue avait reçu le soutien de plus de 100 000 personnes qui avaient signé une pétition sur le site FreeChelsea.com, créé pour réclamer sa libération ou, au minimum, un traitement conforme aux droits de l'homme pendant les 35 ans de prison auxquels elle a été condamnée. 

"Maintenant ces condamnations vous me suivre à jamais dans toutes les audiences de demandes de libération ou d'aménagement de peine. Je m'attendais à être en détention minimale en février. Maintenant ça sera dans des années", a fait publier Chelsea Manning sur son compte Twitter, animé par des proches.

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