Fâchés de voir que la Justice pourrait refermer un dossier pénal contre l'Eglise de Scientologie, des Anonymous ont décidé dimanche de pirater des sites de la Scientologie.

Il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient plus fait parler d'eux. Dimanche matin à 11h, à l'heure de la messe du mouvement sectaire, des membres d'Anonymous ont piraté quatre sites de l'Eglise de Scientologie et modifié leur apparence pour signer leur action et y diffuser un message. "Scientologie, c'est trop tard pour des excuses. Maintenant il est temps de payer", pouvait-on lire sur les sites piratés :

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  • http://livredianetique.fr
  • http://mieuxsecomprendre.solutions
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"L'opération a été montée en hommage à Gloria Lopez, scientologue espagnole suicidée à Colombes, en région parisienne", explique à Numerama le groupe Anonymous à l'origine de l'attaque. Les opposants à l'organisation que la France classe parmi les sectes estiment que l'Eglise de Scientologie a poussé cette membre à se jeter sous un train il y a bientôt 10 ans, en 2006. Elle-même aurait laissé des écrits faisant état d'une détresse morale et financière attribuée à la Scientologie, et s'était suicidée avec dans une poche la profession de foi de Ron Hubbard, le fondateur du mouvement sectaire. "Le procureur risque de classer l'affaire sans suite, car la scientologie a caché des gens qui pouvaient témoigner", s'indigne Anonymous.

Au début du mois, l'AFP a en effet publié une dépêche selon laquelle la justice pourrait fermer le dossier, faute de preuves. Elle rapportait que "les policiers pourtant spécialisés ont buté contre un mur de "secret"" lors de leurs investigations. D'où l'action d'Anonymous, qui se substitue de façon symbolique à une justice impuissante.

Symbolique, mais aussi très concrète. Même si elles inconnues du grand public, les URL des sites piratés "sont affichés partout sur leurs propagandes quand ils veulent vendre des livres ou autres", assure Anonymous. "Elle inscrit ces URL sur les supports, en masse". D'où l'empressement de la Scientologie à rétablir les sites piratés.

Selon nos constatations l'ensemble des sites visés ont aujourd'hui été rétablis à l'exception du dernier, qui est marqué "en maintenance". Lors du piratage, quelques données qui pourraient être diffusées dans les prochains jours ont été obtenues par Anonymous sur les serveurs, dont une cinquantaine de factures d'hébergement de sites web. Rien de très compromettant à première vue.

L'opération est signée "projet chanology", du nom de code utilisé depuis de nombreuses années par Anonymous pour s'attaquer à la Scientologie. Comme le rappelle Zataz, le conflit entre des internautes opposés à la secte et la Scientologie ont commencé dès 1993 avec la publication de documents sur un site baptisé The Fishman Paper, qui donna lieu à une lutte judiciaire remportée par l'internaute. C'est toutefois en 2008 que le nom de code "Chanology" fut choisi par des utilisateurs anonymes du site 4Chan pour lancer une opération contre une tentative de censure d'une vidéo interne de la secte. 

"Plusieurs vagues d’attaques suivront, du Google Bombing ayant pour mission de diriger les internautes vers des associations antisectes ou encore le vol de documents internes via des piratages qui seront diffusés via des torrents diffusés à partir de The Pirate Bay. Depuis, des manifestations sont régulièrement organisées devant les bâtiments scientologues, en France et partout dans le monde", rappelle Zataz.

Les Anonymous ne se contentent en effet pas d'agir en ligne contre la Scientologie, mais aussi hors ligne. Y compris au risque d'amendes puisqu'ils défilent avec leur masque Anonymous, ce qui est interdit en France. En 2012, des Anonymous avaient ainsi été verbalisés à Paris pour avoir masqué leur visage lors d'une manifestation contre l'Eglise de Scientologie.

"Nous reprochons principalement trois choses à l'organisation", nous explique Anonymous. "L'escroquerie à alibi religieux ; la pression morale ou financière sur les membres de la secte, et l'attaque systématique des opposants à la scientologie". 

L'organisation figure en France parmi les sectes identifiées par la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), mais elle est reconnue comme religion à part entière dans d'autres pays, y compris en Europe. 

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