Souvenez-vous, c'était en 2009 : quelques minutes après avoir décollé de l'aéroport international de LaGuardia, le vol 1549 US Airways croise un groupe d'oiseaux dont plusieurs sont aspirés par les réacteurs de l'avion, qui sont alors lourdement endommagés. Constatant une perte de puissance de l'appareil, un A320, le commandant de bord décide alors de le faire amerrir dans le fleuve Hudson, qui longe Manhattan.
À l'époque, cet épisode avait illustré de façon spectaculaire le risque aviaire auquel sont confrontés les avions de ligne.
Six ans plus tard, la situation a bien changé. À la menace d'une collision entre un oiseau et un aéronef s'est ajoutée la crainte d'un choc avec un drone. Car en effet, le ciel est désormais parcouru par un nombre croissant de ces petits engins téléguidés, essentiellement à des fins de loisirs. Or, il s'avère que les particuliers opérant des drones ne respectent pas toujours les consignes de sécurité.
HAUSSE DES INCIDENTS
Selon un rapport de l'administration de l'aviation civile (FAA) aux États-Unis obtenu par le Washington Post, les pilotes ont signalé plus de 650 rapprochements dangereux avec des drones pour la seule année 2015 (et celle-ci est loin d'être terminée). Et la tendance explose : l'an dernier, les alertes rapportées par les avions de ligne avaient été trois fois moins nombreuses.
Dans le rapport, on note que le problème n'est pas limité aux abords des aéroports. Des membres d'équipage ont en effet signalé la présence d'un drone (ou du moins ce qui a été perçu comme tel) à une hauteur tout à fait inhabituelle : 12 000 pieds (3,6 kilomètres environ). C'est une altitude largement suffisante pour croiser des couloirs aériens qui sont empruntés par des vols commerciaux.
Les aviateurs de l'armée américaine sont aussi concernés. Des témoignages signalent des contacts très proches (environ 30 mètres de distance dans un cas, 15 mètres dans un autre), tandis que certains pilotes ont du décoller en urgence après des survols illicites au-dessus de certaines zones dont l'accès à l'espace aérien est strictement réglementé.
En théorie, la réglementation américaine impose que les drones des particuliers ne doivent pas dépasser une altitude de 120 mètres et ne pas évoluer à moins de 8 kilomètres d'un aéroport. Dans la pratique, c'est autre chose.
Le rapport ne fait pas mention d'une collision entre un avion et un drone qui aurait eu des conséquences fâcheuses. Mais au rythme où vont les choses, cela pourrait survenir plus vite qu'on ne le croît. L'on imagine sans peine les répercussions pour l'avenir du trafic aérien et le secteur des drones si un choc provoquait une catastrophe aérienne. C'est un enjeu majeur.
RÉGLEMENTATION EN DÉVELOPPEMENT
Dans ce domaine, des réflexions sont en cours pour que l'espace aérien puisse accueillir tout le monde sans risque.
Plusieurs grandes entreprises comme Google et Amazon se sont rapprochées de la NASA pour développer un contrôle aérien automatisé (il faut dire qu'elles ont un intérêt dans ce secteur, notamment pour la livraison). Des recherches existent aussi en Europe pour un cadre réglementaire pour inclure ces nouveaux usages et pour élaborer de nouveaux moyens de détection, notamment aux abords des sites sensibles.
( photo : CC BY-NC-ND Lee )
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