C’est un témoignage qui enfonce un peu plus Cambridge Analytica et, par ricochet, Facebook. Alors que le scandale des données personnelles aspirées par cette société britannique continue de faire tanguer le réseau social américain, celui-ci n’ayant pas été en mesure d’empêcher ce siphonnage, son ampleur pourrait être en réalité sous-estimé.
Dans une déclaration écrite adressée mardi 17 avril au parlement britannique, une ancienne responsable de la société Cambridge Analytica, Brittany Kaiser, a en effet déclaré croire « qu’il est presque certain que le nombre d’utilisateurs de Facebook dont les données ont été compromises par des moyens similaires […] est beaucoup plus grand que 87 millions ».
D’autres applications de quiz
L’intéressée fait ici référence au nombre qui a été annoncé par Facebook, le 9 avril, au sujet du nombre de personnes inscrites sur le site dont les informations ont été subtilisées par la tactique de Cambridge Analytica. Parmi elles, on dénombre environ 211 000 Français et Françaises. Depuis le 10 avril, l’entreprise américaine permet à ses membres de vérifier si leurs renseignements ont été siphonnés.
« Je tiens à souligner que les ensembles de données et les questionnaires [en cause] n’étaient pas les seuls à être reliés à Facebook et utilisés par Cambridge Analytica. Je suis au courant, de façon générale, qu’un large éventail d’enquêtes ont été faites par Cambridge Analytica ou ses partenaires, généralement avec une liaison Facebook », poursuit-elle dans son témoignage.
Dans cette affaire, Cambridge Analytica procédait comme suit : pour mettre la main sur des données, la société passait par une autre entreprise, Global Science Research, qui agissait comme un sous-traitant. Elle avait développé une application de quiz, « This Is Your Digital Life », qui enregistrait non seulement les réponses des internautes mais récupérait aussi leurs données et celles de leurs contacts. sur Facebook.
« Il est presque certain que le nombre d’utilisateurs de Facebook compromis est beaucoup plus grand que 87 millions »
Dès lors, l’application qui n’avait été installée que par un peu plus de 300 000 personnes a été en mesure d’atteindre 87 millions d’internautes, du fait des règles à l’époque très laxistes de Facebook sur l’accès aux données. Brittany Kaiser donne l’exemple d’un quiz sur la sexualité, mais dit ne pas connaître « les particularités de ces enquêtes ni la façon dont les données ont été acquises ou traitées ».
Pour Brittany Kaiser, qui était auparavant la directrice du développement des affaires chez Cambridge Analytica, c’est pratiquement certain : les personnes affectées ne seraient pas 87 millions mais bien plus nombreuses. Toutefois, il est impossible pour l’heure de faire une évaluation précise, faute de connaître quelles sont les applications en cause et leur usage par les membres du réseau social.
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