Que Cambridge Analytica poursuive ses activités, ferme ses portes, change de nom ou passe le flambeau à une autre entreprise, cela n’aura aucune espèce d’incidence sur l’enquête que conduit actuellement l’autorité de protection des données anglaise — l’équivalent local de la CNIL — sur l’analyse de données à caractère personnel à des fins politiques.
Voilà le message qu’a fait passer le Bureau du commissaire à l’information (ICO) alors que Cambridge Analytica a annoncé le 2 mai la cessation de ses activités, au motif que les révélations faites depuis le mois de mars, dont les faits ont été présentés incorrectement d’après l’entreprise britannique, ont fini par éloigner tous ses clients et fournisseurs, soucieux de se tenir à l’écart de la société au cœur de l’affaire.
« L’ICO poursuivra ses investigations sur les plans civil et pénal et s’efforcera de poursuivre les individus et les dirigeants, le cas échéant, et si nécessaire, même si les firmes impliquées ne sont plus en activité», écrit le Bureau. Par ailleurs, il est précisé que ses agents « surveilleront également de près toutes les entreprises qui [leur] succéderont ».
Cette précision ne survient pas par hasard. Comme le pointe le New York Times, qui se base sur deux sources anonymes, une nouvelle entité pourrait être utilisée pour que les activités de Cambridge Analytica puissent continuer, mais sous un autre nom. Celle-ci pourrait bien être Emerdata, une société fondée en août 2017, toujours spécialisée dans les données, et qui est liée aux dirigeants de Cambridge Analytica.
Sur cette enquête, l’ICO a reçu le soutien, au niveau européen, des autres autorités de protection des données personnelles, dont fait partie la Commission nationale de l’informatique et des libertés. « En tant que président du G29, je soutiens pleinement leur enquête. Les membres du G29 travailleront ensemble dans ce processus », a déclaré sa présidente en mars.
Il est à noter que l’ICO avait déjà ouvert une enquête l’année dernière sur l’utilisation de données personnelles tirées des réseaux sociaux à des fins électorales. L’objectif qui était alors présenté était de vérifier que cet usage reste conforme à la loi. L’enquête ouverte en 2017 s’inscrit dans la continuité directe des investigations liées à la campagne du Brexit, dont le résultat aurait pu être influencé en ligne.
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