Le 25 mai est une date doublement importante pour la population irlandaise. D’une part, c’est à ce moment-là que sera appliqué le Règlement général sur la protection des données, comme d’ailleurs dans le reste de l’Union européenne. Et d’autre part, c’est aussi le jour qui a été retenu pour appeler le corps électoral à se prononcer sur un référendum relatif à l’accès à l’avortement.
Il s’agit pour la population de dire si elle accepte une modification de la Constitution qui autoriserait le parlement à voter une loi approuvant l’interruption volontaire de grossesse.
En Europe, l’Irlande est le pays qui dispose de la législation la plus conservatrice dans ce domaine, la quasi-totalité des autres États l’autorisant sur simple demande de la femme. Quelques pays fixent des conditions à l’IVG (c’est le cas du Royaume-Uni, de l’Islande, de la Pologne et de la Finlande), mais ces restrictions ne sont pas aussi sévères que les règles appliquées en Irlande.
Du fait de ce cadre restrictif, un texte de loi avait été rejeté en 2016. L’interdiction vaut aussi lorsque la grossesse a été provoquée par un viol ou engendre un risque pour la santé de la mère. Seule exception : si sa vie est effectivement en danger. Or, il s’avère que le plus grand flou réside sur cette dérogation, aucun texte n’organisant son application et la procédure à suivre.
Cela n’est pas sans conséquence : en 2012, une femme de 31 ans a perdu la vie du fait d’une septicémie, qui a été contractée lors des complications d’une fausse-couche.
Voilà le cadre dans lequel se déroule le référendum en Irlande. Et c’est un contexte à l’égard duquel Facebook et Google entendent faire profil bas. Au cours des derniers jours, les deux géants du net ont en effet indiqué leur intention de restreindre la publicité autour de ce référendum, pour éviter que le scrutin ne soit perturbé par des opérations d’influence.
https://youtu.be/QdVXiuHQDs8
Restriction de la pub en ligne
Les deux entreprises n’ont toutefois pas la même approche sur cet appel aux urnes: dans le cas du réseau social dirigé par Mark Zuckerberg, il est question d’interdire les publicités relatives au référendum lorsqu’elles proviennent de l’étranger. En revanche, celles issues d’individus ou d’organismes irlandais pourront toujours être diffusées sur les pages du site communautaire.
Depuis le 8 mai, Facebook dit rejeter les publicités liées au référendum si elles sont gérées par des annonceurs basés en dehors de l’Irlande. « C’est un problème auquel nous réfléchissons depuis un certain temps », explique la société, qui a par ailleurs détaillé les initiatives et les procédures qu’elle a prises pour s’assurer que ses services publicitaires ne subissent pas de détournement.
« Nous avons conscience de la sensibilité de cette campagne »
« Nous avons conscience de la sensibilité de cette campagne et nous travaillons dur pour assurer la neutralité à tous les niveaux. Nous sommes une plateforme ouverte permettant aux gens d’exprimer des idées et des points de vue des deux côtés d’un débat. Notre objectif est simple : contribuer à assurer un vote libre, équitable et transparent sur cette importante question », explique Facebook.
De son côté, Google est encore plus restrictif. Le groupe californien a fait savoir à Reuters qu’il suspendait jusqu’à nouvel ordre toutes les campagnes commerciales relatives au référendum irlandais et à l’article 8 de la Constitution, celui qui donne au fœtus les mêmes droits que ceux dont jouit la mère. Cette suspension est globale : elle concerne donc aussi les publicités venant d’Irlande.
La décision de Google est appliquée depuis quelques jours et durera jusqu’à la fin de la phase de consultation. La mesure prise par la firme de Mountain View ne fait pas consensus sur l’île : une organisation anti-IVG estime que cela l’empêche de déployer son argumentaire et que cela fausse le référendum, cela alors même que la mesure concerne aussi les partisans de l’avortement.
Les mesures annoncées par Facebook et Google, si elles ont des approches différentes, s’inscrivent dans un contexte particulier.
La publicité en ligne est en effet suspectée d’avoir été un vecteur d’influence sur certains scrutins d’importance, comme le Brexit au Royaume-Uni en 2015 ou bien l’élection présidentielle américaine aux États-Unis en 2016. Des suspicions d’ingérence auxquelles les grandes plateformes cherchent aujourd’hui à trouver des solutions pérennes.
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