La France accueillera-t-elle des véhicules hautement automatisés sur ses routes à partir de 2020 ? Sur le papier, c’est en tout cas ce que désire le gouvernement. Lundi 14 mai, celui-ci a présenté ses orientations stratégiques pour l’action publique en vue du développement des véhicules autonomes, en se fondant sur le rapport conduit par l’ancienne ministre Anne-Marie Idrac.
Celle qui fut secrétaire d’État aux Transports avant de présider la RATP puis la SNCF a en effet été nommée en octobre 2017 haute responsable pour la stratégie nationale de développement des véhicules autonomes, quelques semaines avant le discours du Premier ministre Édouard Philippe dans lequel ces nouveaux transports ont été cités comme l’un des quatre grands chantiers industriels à court terme.
Accélérer sur la voiture autonome
Or, il ne faut pas traîner. « La France doit être au rendez-vous de cette révolution de la mobilité », jugeait Édouard Philippe l’automne dernier, en notant que « de nouveaux acteurs sont sur la brèche », comme les géants du numérique américains. Des acteurs qui pourraient d’ailleurs vite déborder l’industrie automobile classique, tant « les progrès sont rapides sur le plan technologique ».
Six mois après, Élisabeth Borne n’a pas dit autre chose. Évoquant une « menace pour nos constructeurs si nous accusions un retard sur cette technologie », la ministre chargée des Transports a présenté, conjointement avec Anne-Marie Idrac, le secrétaire d’État responsable du numérique Mounir Mahjoubi et le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire un plan pour les années à venir.
Ainsi, le gouvernement souhaite autoriser globalement la mise en circulation, tous les deux ans, d’un nouveau palier d’autonomie. En 2020, c’est les véhicules de niveau 3 qui devront être approuvés. Puis, en 2022, ce sera au tour des systèmes de niveau 4 d’accéder à la voie publique. Un délai lointain, mais indispensable pour laisser assez de temps aux industriels pour peaufiner leur technologie.
En attendant, les tests vont se poursuivre.
« La loi Pacte prévoira que les expérimentations sur routes ouvertes seront possibles sur tout le territoire français jusqu’au niveau 5 d’autonomie, c’est à dire en l’absence de tout conducteur », a ainsi déclaré Bruno Le Maire. Cette loi doit être votée d’ici la fin de l’année, ce qui veut dire que les tests de véhicules autonomes sans conducteur pourront se faire dès 2019 (et non plus 2018 comme cela avait avait été annoncé l’an passé par Édouard Philippe) sur l’ensemble du territoire.
Le calendrier de la voiture autonome
2018 : Année de la législation
Pour soutenir le développement de la conduite autonome, il faut que la législation suive. Le gouvernement entend ainsi prendre une loi d’orientation des mobilités et actualiser la feuille de route industrielle sur le véhicule autonome, dont la dernière version date de 2014. Par ailleurs, le gouvernement entend fixer un cadre stratégique pour traiter différents enjeux.
Ce cadre englobe les problématiques de cybersécurité, d’expérimentation avant validation, de connectivité des infrastructures, de cartographie numérique de précision, de droit (code de la route, responsabilité, formation à la conduite), d’emplois et de compétences, d’enjeux sociaux (perceptions individuelles et sociales et de l’acceptabilité), d’échanges des données du véhicule ainsi que des règles de mise en commun des données, outils et méthodes d’évaluation et de validation des systèmes.
Par ailleurs, au niveau européen doit être établie une stratégie pour qu’un cadre commun existe entre les pays membres.
2020 : Année des véhicules autonomes de niveau 3
Feu vert pour la circulation de véhicules automatisés de niveau 3, c’est-à-dire des véhicules ayant une autonomie conditionnelle. Sur certaines routes, le système de bord gère l’accélération, le freinage et le volant, tout en surveillant ce qui se passe sur la route. Mais en cas de problème, c’est à la personne sur le siège conducteur d’être en mesure de reprendre la main à tout moment.
2020 doit aussi être l’année des services de transports publics autonomes supervisés. En la matière, des expérimentations plus ou moins poussées existent déjà, à commencer par les bus sans chauffeur Navya, qui ont été déployés à Lyon et à La Défense. Dans un premier temps, les trajets s’effectuent avec un opérateur à bord. Mais à terme, l’objectif est que ces véhicules puissent se déplacer sans supervision humaine.
2022 : Année des véhicules de niveau 4
Deux ans plus tard, le gouvernement souhaite la mise en circulation des véhicules automatisés de niveau 4. Il s’agit du dernier palier avant l’autonomie complète. Ici, le système de bord est capable, sur certaines routes, de gérer le déplacement du véhicule en parfaite autonomie, sans faire appel au conducteur en cas de pépin. Il doit pouvoir gérer se débrouiller même si le conducteur ne peut pas reprendre le volant.
Par ailleurs, c’est aussi cette année que doivent être développés des cas d’usage de logistique et de fret automatisé. En la matière, des tests ont lieu depuis des années. En 2016, il y a par exemple une douzaine de camions partiellement autonomes de différents constructeurs qui ont traversé l’Europe, démontrant au passage l’intérêt de les faire rouler en convoi pour réduire la consommation de carburant.
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