Puisque Mark Zuckerberg n’a pas vraiment pu répondre oralement aux questions des chefs de parti du Parlement européen, ces derniers ne lui laissant pas assez de temps pour développer sa pensée et rebondir sur leurs interpellations, c’est donc par écrit que Facebook a dû donner ses explications concernant les diverses problématiques qui ont été abordées pendant la réunion du 22 mai à Bruxelles.
Après avoir rechigné à accepter l’invitation de l’Union européenne, Facebook a en fin de compte accepté d’envoyer son patron s’expliquer lui-même devant les eurodéputés. La rencontre, qui devait se dérouler initialement à huis clos, a finalement été diffusée en direct sur Internet.
Du scandale Cambridge Analytica à la politique de Facebook en matière de données personnelles, en passant par l’influence réelle ou supposée du réseau social en période électorale, la fiscalité, les faux comptes, la neutralité de la plateforme et les enjeux de régulation et de concurrence, ce sont pas moins de dix-huit questions qui ont été traitées par le site communautaire.
Des réponses qui devraient en appeler d’autres : en effet, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a déclaré ce jeudi 24 mai sur Twitter qu’il s’agissait de « la première série de réponses aux questions que j’ai demandée au PDG de Facebook, Mark Zuckerberg ». D’autres courriers de la part du réseau social devraient donc être publiés prochainement.
Les éléments livrés par le site auraient pu être donnés par le milliardaire américain, mais le format dans lequel l’audition européenne s’est déroulée a été vivement conspué, les eurodéputés enchaînant en effet les questions les unes à la suite des autres, ne laissant à l’invité qu’un créneau réduit pour y répondre à la fin, ce qui peut être bien pratique pour « oublier » de répondre à certaines sollicitations.
https://twitter.com/juliencdt/status/998979375142973442
Les journalistes ont déploré l’organisation de cette audition, à l’image de Raphael Grably (BFM), Maximilian Hofmann (Deutsche Welle), Élodie Lamer (Le Soir) ou Jean-Sébastien Lefebvre (Contexte). « En pleine affaire Cambridge Analytica, et à trois jours de la mise en place du RGPD, le Parlement européen réussit l’exploit de rendre insipide l’audition de Zuckerberg », a ainsi déclaré l’un de nos confrères.
Dans ces conditions, étant donné le format révoltant retenu pour l’audition du PDG, à la demande de deux élus, Jan-Philipp Albrecht et Guy Verhofstadt, mais aussi du président du Parlement européen, Facebook a promis après l’audition de fournir par écrit les réponses aux questions que Mark Zuckerberg n’a pas pu donner, l’audition étant surtout trustée par les parlementaires.
Dès lors, on se demande bien quel a été l’intérêt de faire venir le patron de Facebook en Europe, puisque le Parlement européen a ainsi perdu une bonne occasion de challenger Mark Zuckerberg et de le relancer sur des aspects controversés de son activité. Au lieu de cela, le patron a tenu des propos généraux sur le RGPD, sur la sécurité, sur l’innovation et la sécurité.
Certaines questions, qualifiées « d’importantes », par la commission LIBE (libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures) du Parlement, ont ainsi été zappées à cause de ce cadre et il a fallu attendre un courrier du site, contenant naturellement des réponses convenues et soigneusement préparées par les communicants et les juristes de Facebook, pour avoir le point de vue du site.
Ainsi, le courrier de Facebook est revenu sur le cas des « profils fantômes » en expliquant que les outils qu’utilisent les services et les applications sur Internet lui transmettent bien des informations, mais que ces renseignements ont pour finalité des fonctionnalités liées au réseau social, des contenus publicitaires et des motifs de sécurité. Mais le site l’assure : ce « n’est pas pour créer des profils sur des non-membres ».
Facebook a aussi abordé le partage de données entre le réseau social et WhatsApp. Sollicité pour savoir s’il peut faire la promesse « qu’il n’y aura pas d’échange de données personnelles des utilisateurs entre les deux services », le site a répondu par la négative. Une polémique existe à ce sujet, la Commission européenne jugeant que Facebook lui a menti pour obtenir son feu vert pour acheter WhatsApp.
La question du monopole a aussi été posée (tout comme lors de la double audition de Mark Zuckerberg aux USA, devant les représentants et les sénateurs américains) : à la question de savoir s’il devait se séparer de certaines filiales ; il a simplement estimé ne pas être en situation de monopole, en répétant encore qu’un internaute utilise en moyenne huit applications différentes pour discuter.
Facebook considère aussi qu’il des alternatives qui sont aujourd’hui accessibles en Europe. Le site a cité plusieurs plateformes mais en raisonnant en termes de rubrique (photos, vidéos, discussion, publicité, etc). Le site a mentionné pêle-mêle DailyMotion, Snapchat, YouTube, Flickr, Twitter, Vimeo, Google Photos, Pinterest, iMessage, Telegram, Skype, Line, Viber, WeChat, Snapchat, LinkedIn, les SMS, Spotify, Google ou encore Amazon. Ces espaces peuvent effectivement chacun concurrencer Facebook sur un point très spécifique mais aucun n’est vraiment sur le même créneau que lui. Il faudrait à la limite évoquer plutôt Google+ ou Vkontakte.
Enfin, interrogé sur l’identité des tiers chargés de vérifier les faits, Facebook a renvoyé sur ses pages d’assistance pour en donner les noms et la procédure à laquelle ils doivent se soumettre.
En France, Facebook travaille avec Libération (Désintox), l’AFP, Le Monde (Les Décodeurs) et 20 Minutes. Ces médias ont pour mission d’examiner et d’évaluer l’exactitude des articles et des messages sur Facebook et, le cas échéant, d’indiquer si une information est fausse, ce qui se traduit par son déclassement dans le flux d’actualité de Facebook. Selon le site, ce déclassement provoque en moyenne une baisse de 80 % de sa visibilité.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !