Faut-il bloquer l’intégralité d’un site pour empêcher les internautes de voir une vidéo qui s’y trouve ? Pour la justice égyptienne, cette manière de procéder fait de toute évidence partie de la palette des leviers actionnables. Et cela, même si un décalage excessif apparaît entre l’action requise contre ladite vidéo et les moyens déployés pour que l’objectif revendiqué soit atteint.
En l’espèce, la vidéo qui est dans le viseur des autorités judiciaires égyptiennes est un film anti-Islam, intitulé L’Innocence des musulmans, qui a beaucoup fait parler de lui au début des années 2010. La plus haute instance de l’ordre administratif du pays a ordonné au régulateur des télécommunications qu’il prenne les dispositions adéquates pour bloquer YouTube pendant un mois.
La décision, rapportée par Reuters, est décrite comme définitive et ne peut donc pas faire l’objet d’un appel. Cela étant, la mesure ne semble pas encore effective. Nos confrères ont constaté que le site était accessible samedi 26 mai et le site mis en place par Google pour suivre le trafic et les interruptions pays par pays ne montre pas de bizarrerie en ce qui concerne l’Égypte.
Le verdict rendu par la plus haute juridiction administrative égyptienne marque la fin d’un long processus judiciaire commencé en 2012 et qui avait donné lieu en février 2013 à un premier jugement. Le tribunal administratif du Caire avait déjà demandé ordonné le blocage de YouTube en Égypte pour une durée d’un mois. Mais à l’époque, le gouvernement d’alors s’y était opposé et avait fait appel.
YouTube face à la polémique
Devant le tollé suscité par cette vidéo, YouTube a déclaré qu’il ne retirerait pas globalement la vidéo ni ses copies d’ailleurs, de sa plateforme. Cependant, le site a dit vouloir tenir compte des spécificités culturelles et législatives de certains pays. Il a donc accepté de limiter l’accès dans certains pays, comme l’Égypte, mais aussi en Libye, en Inde ou encore en Indonésie.
L’Égypte n’a pas été le seul pays à répondre sur un plan technique à l’existence de cette vidéo. L’Afghanistan et le Pakistan ont aussi suspendu l’accès au site américain, tout comme l’Arabie saoudite et l’Iran. De son côté, Washington avait invité YouTube à bien vérifier la conformité de la vidéo, laissant entendre que sa suppression pouvait être justifiée au regard des conditions d’utilisation du service.
YouTube avait refusé. Si son règlement interdit « les discours incitant à la haine, qui attaquent ou rabaissent un groupe en raison de (…) la religion », il encourage aussi « la liberté d’expression et [défend] le droit de chacun à exprimer des points de vue peu populaires ». Le site ajoutait que sur YouTube, « tout ce que vous verrez ne vous plaira peut-être pas ».
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