Les institutions européennes proposent de créer un système d’alerte par SMS en cas d’attentat ou de catastrophe naturelle. Il fonctionnerait un peu comme un 112 inversé : des messages seraient envoyés aux personnes se trouvant dans la zone à risque.

Dans quelques années, des SMS d’alerte pourront être reçus automatiquement par les personnes se trouvant à proximité d’un attentat, d’un accident industriel ou bien d’une catastrophe naturelle. C’est le sens d’un accord provisoire conclu début juin entre les eurodéputés et le Conseil européen représentant les États membres, dans le cadre d’une réforme des règles de télécommunication dans l’Union.

« Un système de 112 inversé, introduit par les députés, permettra de garantir que les citoyens soient alertés en cas d’urgence ou de désastre majeur et imminent, comme une attaque terroriste ou une catastrophe naturelle », est-il expliqué. Les alertes émises seront limitées géographiquement, de sorte de ne prévenir que les personnes présentes dans la zone.

texte SMS

CC Alexandra E Rust

Cette initiative survient dans un contexte particulier pour la France : le gouvernement a renoncé à l’application SAIP (Système d’alerte et d’information des populations) qui a été lancée un peu avant le championnat d’Europe de football de 2016. Le logiciel n’a jamais réussi à démontrer son utilité et son bon fonctionnement lors des attaques terroristes qui ont touché la population.

À la place, l’exécutif a préféré nouer des partenariats avec des groupes privés et étrangers, à savoir Google, Facebook et Twitter, qui opèrent chacun des plateformes très fréquentées en France, pour diffuser ses messages d’alerte.

Un compte dédié a ainsi été mis en place sur le réseau social en 280 caractères, tandis que le service de contrôle d’absence de danger (Safety Check) de Facebook, lancé en 2014 et qui a déjà fait ses preuves, sera mobilisé si besoin. Quant à Google, dont la fréquentation en France est supérieure à 90 %, il sera susceptible de placer certains avertissements sur sa page d’accueil.

Toujours selon les institutions européennes, il sera aussi « possible d’envoyer des alertes via des applications mobiles, et des outils de géolocalisation seront utilisés pour mieux localiser l’usager. Les États membres auront 18 mois pour mettre en place ce dispositif après la transposition », sachant que la refonte le Code européen en matière de communications électroniques est en cours.

Il faudra encore valider le projet de directive puis le transposer dans les législations nationales, ce qui prendra des mois. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que les États membres auront un an et demi pour créer ce dispositif de 112 inversé. D’ici là, c’est vers les réseaux sociaux que la population devra se tourner, ou bien vers les médias (TV, radio) et les sociétés de transport en commun, qui sont aussi dans la boucle.

Vers du cell broadcast

La proposition européenne pourrait aboutir en France à la mise en place d’une diffusion cellulaire, aussi appelée cell broadcast.

Celle-ci permet d’adresser un message identique à l’ensemble des mobinautes se trouvant au sein d’une zone géographique donnée. En effet, le SMS n’est pas envoyé à un terminal mais à une cellule du réseau, c’est-à-dire une antenne des réseaux d’opérateurs, qui a son tour relaie le message à l’ensemble des téléphones portables qui se trouvent dans la zone couverte par l’antenne.

cell broadcast

Le fonctionnement du système de cell broadcast en Israël. Capture d’écran Evigilo

Le système est modulable car il est possible de viser une seule cellule du réseau ou, dans les cas extrêmes, l’ensemble du pays. Il peut toucher toutes les personnes, quel que soit le mobile utilisé — du smartphone dernier cri au portable hors d’âge des années 90 — et ne dépend pas des réseaux de communications habituels (3G, 4G, Wi-Fi…).

Son canal dédié lui permet d’être prioritaire et d’éviter des cas de congestion qui peuvent apparaître en cas de saturation du réseau, un phénomène qui peut justement survenir en cas d’évènement exceptionnel, parce que tout le monde cherche à joindre ses proches dans la zone ou parce qu’une partie des infrastructures locales a été endommagée.

Plusieurs pays utilisent ce mécanisme, comme le Chili, Israël, le Japon et certains États fédérés américains.

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