À partir de 2019, les voitures vendues en Chine seront obligatoirement dotées d’une vignette RFID. Selon le Wall Street Journal, Pékin a en effet établi un programme qui a officiellement pour but d’améliorer la sécurité routière dans le pays et de lutter plus efficacement contre les bouchons, un facteur majeur de la pollution dans l’Empire du Milieu, et donc de la dégradation de la santé publique.
Le marquage des véhicules débutera le 1er juillet 2018, sur la base du volontariat au début. Les automobilistes auront alors droit à une vignette autocollante à placer sur le pare-brise, tandis que les infrastructures routières seront progressivement adaptées pour placer des dispositifs de lecture RFID (Radio Frequency IDentification) sur le bas-côté, afin de lire les informations et les transmettre aux autorités.
La Chine n’est pas seule
En la matière, la Chine n’est pas le premier pays à s’intéresser aux systèmes d’identification sans fil. Selon The Verge, des pays comme le Mexique, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil et Dubaï travaillent sur des dispositifs équivalents ou en sont déjà dotés, par exemple pour payer l’essence, le stationnement et les péages, obtenir des tickets et régler des amendes en cas d’infraction.
Il y a aussi la Malaisie, qui disait en 2015 vouloir généraliser cette année l’installation d’une puce RFID — quitte manifestement à attendre trop de cette technologie — sur tous les véhicules pour permettre leur suivi, par exemple pour combattre la délinquance routière, la lutte contre les voitures volées, le suivi du trafic ou encore le contrôle de l’immigration par le suivi des véhicules qui passent la frontière.
Dans les documents consultés par la presse américaine sur le programme chinois, il est aussi question que cette vignette RFID à ce type d’usage mais aussi « à faire face à des problèmes croissants tels que les attentats terroristes à l’aide de véhicules ». Une hausse qui reste à démontrer : si les attentats à l’aide d’une voiture ont déjà eu lieu en Chine, ils ne sont qu’un mode opératoire parmi d’autres.
Cela dit, si les usages évoqués sont de nature à justifier le déploiement d’un tel système, celui-ci soulève aussi des préoccupations en termes de libertés publiques. La Chine s’est transformée en quelques années en un État où la surveillance se développe à toute allure, avec par exemple l’arrivée de lunettes de reconnaissance faciale dans la police ou bien la mise en place d’un système de réputation sociale.
Une brique en plus dans le contrôle ?
Pékin fait de la stabilité de son régime politique sa priorité absolue, ce qui nécessite par conséquent de surveiller de très près sa population — en contrôlant l’accès à Internet, mais aussi en s’efforçant de pouvoir identifier n’importe qui, à tout moment, et de savoir en permanence où sont les gens. Ce système de vignettes RFID entrerait donc parfaitement dans cette construction orwellienne.
« Il est vraiment difficile d’imaginer que le principal cas d’utilisation n’est pas la surveillance de l’application de la loi et d’autres formes de contrôle social », a déclaré à nos confrères Ben Green, universitaire à Harvard. « Le gouvernement chinois a tout mis en œuvre pour créer un véritable État de surveillance. Cela fait partie de cet effort du gouvernement pour avoir une maîtrise totale de l’information », a confié à The Verge James Andrew Lewis, qui officie au Center for Strategic and International Studies.
Tout dépendra en partie des données qui seront communiquées par ces vignettes RFID. Il est prévu qu’elles contiennent la couleur de la carrosserie mais aussi le numéro d’immatriculation du véhicule. Il n’est pas dit si d’autres informations figureront dans la puce, qui ne devrait par ailleurs pas être capable de localiser une voiture à un moment ou à un endroit donné, le système n’étant pas un GPS.
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