« Gaming disorder » c’est ainsi qu’a été qualifiée et classée l’addiction aux jeux vidéo dans la liste CIM-11 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Ce lundi 18 juin, l’OMS a publié sa nouvelle Classification internationale des maladies, abrégée CIM-11. Particularité, l’agence spécialisée a ajouté le « trouble du jeu vidéo (gaming disorder) à la section sur les troubles de l’addiction. »

playstation manette

La classification qui fait débat

La CIM n’avait pas été mise à jour depuis 2006. Jusqu’ici, seule la section F10-F19 sur les Troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation de substances psychoactives était listée dans la CIM-10. On y retrouvait notamment les addictions connues, comme celles à l’alcool, au tabac, à l’opium ou encore à la cocaïne. Quant au « jeu pathologique » (pari, hasard, jeux d’argent), on le retrouvait dans la section Troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte.

Désormais, deux sous-sections distinctes ont fait leur apparition dans la CIM-11, séparant les troubles provoqués par la consommation de substances et les troubles liés à des « comportements addictifs » comme les jeux vidéo. Repérable sous le code 6C51, le trouble du jeu vidéo est ainsi identifié par l’OMS : « 1) un contrôle altéré sur le jeu (durée, fréquence, etc.) ; 2) la priorité croissante donnée au jeu au détriment d’autres intérêts et activités de la vie quotidienne ; et 3) la continuation ou l’intensification du jeu malgré l’apparition de conséquences négative. » Les trois conditions doivent mettre en évidence une détérioration significative des relations personnelles, familiales éducatives et sociales du patient.

« Après avoir consulté des experts dans le monde entier, et avoir examiné la littérature de manière exhaustive, nous avons décidé que ce trouble devait être ajouté », a déclaré le directeur du département de la Santé mentale et des toxicomanies de l’OMS à l’AFP, Shekhar Saxena. L’OMS tempère cependant ; le trouble ne toucherait qu’une infime partie des personnes composant les quelques 2,5 milliards de joueurs de la planète.

« L’inclusion de la pratique du jeu vidéo dans la catégorie des maladies mentales et des dépendances de la CIM-11 provoquerait une panique morale » – Emmanuel Forsans, AFJV

De son côté, l’Agence française pour le Jeu Vidéo (AFJV) a tenu à faire part de son inquiétude vis-à-vis de cette formalisation. Dans un communiqué, Emmanuel Forsans – le directeur général de l’AFJV – affirme qu’il existe un « vif désaccord parmi les experts sur la pertinence de l’intégration des jeux vidéo dans la CIM-11 » et souligne le fait que de nombreux spécialistes internationaux et plusieurs académies reconnues s’étaient opposés à cette intégration depuis 2016. En 2012, nous nous demandions si cette addiction relevait du mythe ou de la réalité. La même année, l’Académie nationale de médecine souhaitait l’abandon du terme « d’addiction aux jeux vidéo » dans la mesure où il n’existait pas de consensus scientifique sur le sujet.

Emmanuel Forsans met en perspective les « valeurs récréative, éducative et thérapeutique » du jeu vidéo et sa contribution à des innovations dans le domaine de la santé. « L’inclusion de la pratique du jeu vidéo dans la catégorie des maladies mentales et des dépendances de la CIM-11 provoquerait une panique morale et entraînerait des abus de diagnostics […] », a conclu le directeur général. L’approbation formelle de cette liste par l’Assemblée générale de l’OMS avant publication officielle est attendue pour mai 2019.

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