Testée depuis quelques mois, la 5G ne sera véritablement déployée en France que dans plusieurs années. Pour l’heure, les opérateurs ont eu l’autorisation du régulateur des télécoms de procéder à des expérimentations non loin de certaines grandes villes, comme Toulouse et Bordeaux. D’ici fin 2019, il est prévu la mise en place d’une dizaine de sites pilotes dans l’Hexagone.
Mais si la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile est encore très loin d’être prête pour un usage commercial, les premières craintes sur son supposé effet sur la santé humaine sont déjà là. Et ces appréhensions ont trouvé ce printemps un relais en la personne d’Emmanuelle Anthoine, députée de la Drôme et membre des Républicains.
Dans une question écrite transmise le 17 avril au ministère des Solidarités et de la Santé, l’élue juge « primordial de saisir toute l’ampleur des risques sanitaires que [les ondes] peuvent engendrer ». Elle rappelle aussi le classement, il y a sept ans, des champs de radiofréquences électromagnétiques, dans une catégorie dans laquelle il est possible, mais pas encore certain, qu’il y ait un risque cancérogène.
Ce classement a été opéré par le Centre international de recherche sur le cancer, qui est rattaché à l’Organisation mondiale de la santé. Cette catégorie, appelée 2B (cancérogènes possibles), fait partie d’un système de cinq niveaux : les trois autres sont groupes 1 (cancérogènes), 2A (probablement cancérogènes), 3 (inclassables) et 4 (probablement pas cancérogènes).
La parlementaire pointe par ailleurs un appel, survenu en septembre 2017, de 170 scientifiques provenant de 37 pays en faveur d’un moratoire sur la 5G.
Dans leur courrier mettant en garde « contre les effets graves potentiels de la 5G sur la santé », ils suggèrent de vérifier que « les dangers potentiels pour la santé humaine et l’environnement ont été entièrement étudiés par des scientifiques indépendants de l’industrie ». Ils assurent que ces champs « ont été prouvés comme étant nocifs pour l’homme et l’environnement ».
Pour Emmanuelle Anthoine, il conviendrait donc, sur le fondement du principe de précaution, de « faire réaliser des études indépendantes et approfondies concernant les effets de la 5G » et d’envisager « des mesures de protection pour les populations sensibles », c’est-à-dire les personnes disant souffrir d’une sensibilité électromagnétique à cause de ces champs, mais dont le lien de causalité n’est pas établi.
La 5G doit être dans les limites
Aux interrogations de la députée, le ministère de la Santé a répondu le 14 août. Les services d’Agnès Buzyn rappellent ainsi que même s’il s’agit d’une toute nouvelle norme qui permettra d’accéder à une capacité de téléchargement ultra élevée et des temps de latence extrêmement réduits, la 5G doit composer avec le cadre réglementaire actuel. Impossible pour elle de s’en extraire.
« Les valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques s’appliquent indépendamment de la technologie (2G, 3G, 4G ou 5G). Les réseaux 5G qui seront déployés par les opérateurs devront donc respecter ces valeurs limites tout autant que les technologies en place aujourd’hui », explique ainsi le gouvernement. Celles-ci vont de 28 V/m (volts par mètre) à 87 V/m, selon les fréquences utilisées.
C’est à l’Agence nationale des fréquences (ANFR) que reviennent les tâches de contrôler la conformité des terminaux radioélectriques mis sur le marché, de veiller au respect des valeurs limites réglementaires d’exposition du public, de tenir à jour le protocole de mesure mais aussi de gérer le dispositif national de surveillance et de mesure de l’exposition aux champs électromagnétiques.
Deux agences dans la boucle
Dans ce contexte, l’ANFR est susceptible de publier une liste de points dits « atypiques », c’est-à-dire là « où les niveaux d’exposition dépassent substantiellement ceux généralement observés » ailleurs, tout en restant « toujours inférieurs aux valeurs-limites prévues par la réglementation ». Cette transparence a été rendue obligatoire avec la loi du 9 février 2015. sur l’exposition aux ondes électromagnétiques.
Soulignons d’ailleurs que l’ANFR a publié, début 2017, un rapport selon lequel les cellules urbaines servant à rehausser sensiblement la qualité du réseau sans accroître excessivement la puissance des émissions électromagnétiques — et qui pourraient donc être déployées en marge de l’arrivée de la 5G — sont très en dessous des seuils limites, lorsque la mesure se fait à deux mètres de distance ou plus.
« L’ensemble de ces travaux feront l’objet d’échanges avec les parties prenantes »
Le gouvernement affirme toutefois son intention de travailler avec l’ANFR et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) « afin qu’elles puissent examiner d’une part, l’exposition aux ondes électromagnétiques et d’autre part, l’impact sanitaire éventuel de ces nouveaux développements technologiques, dès la phase des expérimentations ».
L’on notera que déjà en 2013, l’Anses s’est penchée sur le sujet et déclaré l’absence d’effets avérés des ondes sur la santé. L’agence avait toutefois invité à prendre des mesures de précaution. Trois ans plus tard, elle invitait les parents à ne pas trop exposer les enfants aux appareils communicants, par exemple en modérant leur usage du numérique. Enfin, une révision de la réglementation était demandée.
Quoiqu’il en soit, « l’ensemble de ces travaux feront l’objet d’échanges avec les parties prenantes dans le cadre des comités de dialogue mis en place par l’ANFR et l’Anses », assure l’exécutif. D’ici là, l’ANFR, qui a décidé l’an passé de mieux évaluer les champs électromagnétiques des technologies utilisées au quotidien, propose un site interactif pour faire le point sur les ondes.
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