La pression monte contre Google. Le 28 août, une coalition de quatorze organisations non gouvernementales a signé une lettre ouverte appelant l’entreprise américaine à renoncer à fournir une version censurée de son moteur de recherche pour le marché chinois. Ce projet, hautement controversé jusque dans les rangs de la firme de Mountain View, a été dévoilé par la presse au début du mois.
« Le projet, baptisé Dragonfly, représenterait une capitulation alarmante de Google sur les droits de l’homme », s’inquiètent les ONG, parmi lesquelles figurent RSF, Amnesty International, Human Rights Watch, Privacy International et l’Electronic Frontier Foundation. « Si elle le faisait, il y a un risque élevé que l’entreprise contribue directement ou soit complice de violations des droits de l’homme ».
Dans leur missive, les signataires rappellent que les engagements de l’entreprise. Son code de conduite promet de faire progresser les droits des internautes sur la vie privée et la liberté d’expression au niveau mondial, et ses principes éthiques sur l’IA assurent que rien ne sera construit qui « est contraire aux principes largement acceptés du droit international et des droits de l’homme ».
De plus, elle doit en principe « faire preuve de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme lors de l’entrée sur les marchés ou du développement de nouveaux services », en adéquation avec l’initiative Global Network, dont la société est membre. Enfin, il y a tout simplement à tenir compte des principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
Pas de retour pour l’instant
La polémique sur un éventuel de retour de Google en Chine avec un outil de recherche censuré a conduit la direction de l’entreprise à prendre la parole, expliquant qu’il ne s’agit que d’une réflexion « exploratoire » et qu’il n’est pas question pour l’instant de lancer un service de recherche en Chine. Le PDG du groupe, Sundar Pichai, laisse néanmoins la porte entrouverte pour l’avenir.
« La mission que nous revendiquons est d’organiser l’information du monde », déclarait-il alors. « La Chine représente un cinquième de la population mondiale », et « je pense que nous devons réfléchir sérieusement à la façon de faire davantage en Chine », ajoutait-il, au moment où circulait une lettre de protestation interne signée par plus de 1 400 salariés du groupe.
Si le géant du net a désormais d’autres considérations en tête, qu’il ait au moins le courage de les assumer publiquement, lancent les associations. Ce sera l’occasion de constater « comment Google estime qu’il peut concilier une telle décision avec ses responsabilités en vertu des normes internationales en matière de droits de la personne et ses propres valeurs d’entreprise », écrivent-elles.
Et d’ajouter : « sans ces précisions, il est difficile de ne pas conclure que Google est maintenant prêt à compromettre ses principes pour accéder au marché chinois ».
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