S’appuyant sur une enquête révélant l’influence de l’industrie du tabac sur les réseaux sociaux, un parlementaire appelle le gouvernement à agir pour empêcher les publicités déguisés promouvant les cigarettes sur les réseaux sociaux.

Plutôt que d’envisager une loi destinée à limiter le temps que passent les Français sur les réseaux sociaux, le gouvernement ne serait-il pas plus inspiré d’examiner une régulation des sites communautaires pour éviter qu’ils relaient de la publicité cachée sur le tabac ? Car sur ces plateformes, à commencer par Facebook et Instagram, des campagnes très discrètes en faveur des cigarettes ont lieu.

En France, une loi interdit depuis 1991 toute publicité directe ou indirecte en faveur du tabac, sauf dans des cas très particuliers. Il est aussi interdit de distribuer du tabac, de procéder à des opérations de parrainage ou d’en faire l’objet de promotions.

C’est ce que dénonce le député Jean-Louis Touraine, dans une question écrite publiée le 11 septembre au Journal officiel. L’intéressé, qui sollicite la réaction d’Agnès Buzyn, la ministre de la santé, fait mention d’une récente enquête internationale publiée sur TakeAPart, dans laquelle est décrite la stratégie de l’industrie du tabac pour rendre cool et visible la clope, en passant par les influenceurs et les influenceuses.

« Ces entreprises organisent des événements promotionnels, des soirées et autres événements marketings, pour contribuer à élargir et conforter leur audience auprès de ces influenceurs », écrit le parlementaire membre de la majorité présidentielle, qui a été autrefois professeur de médecine et dont l’engagement contre le tabagisme est de notoriété publique.

cigarette tabac tabagisme

Des cigarrettes.

Source : Basil MK

« L’enquête démontre que les industriels financent et sponsorisent de nombreux influenceurs sur les réseaux sociaux et dont l’écho auprès des jeunes est considérable », continue l’élu. Il rappelle que l’étude a analysé 123 mots-clés associés à cette industrie. Il en ressort que les publications sponsorisées ont été vues 25 milliards de fois dans le monde.

Réagissant aux conclusions de ses recherches, Robert V. Kozinets, qui est professeur de relations publiques à l’université de Californie du Sud, cité par Slate, déclare que «ce que font les cigarettiers est très efficace pour contourner les lois qui interdisent la publicité visant les jeunes». Il s’est par ailleurs dit dit très surpris du «niveau de sophistication » des publications qui obtiennent énormément d’engagement.

Pour le député, ce contournement de la législation appelle un contrôle renforcé des pouvoirs publics pour interdire ces pratiques.Alors qu’aux USA, l’enquête a conduit des organisations à se tourner vers la Commission fédérale au commerce pour lui demander d’enquêter et de réguler ces agissements, l’élu invite les pouvoirs publics à engager dès des discussions avec les réseaux sociaux.

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