La France n’a pas à rougir de sa place dans le secteur des supercalculateurs. Certes, elle est complètement distancée par les États-Unis et la Chine, dont les installations occupent la majorité du classement mondial des 500 machines les plus puissantes. Mais face à des puissances de son rang, elle fait bonne figure : l’un d’eux, opéré par le CEA, est quatorzième depuis sa remise à niveau.
Mais atteindre et conserver ce rang requiert des efforts. Aussi à l’occasion d’un déplacement à Vélizy-Villacoublay, dans les locaux de Dassault Systèmes, le Premier ministre Édouard Philippe a présenté un plan de transformation de l’industrie par le numérique. Dans celui-ci, est évoqué un soutien financier aux programmes de recherche et développement en matière de superordinateurs.
Pour la période 2018-2020, ce sont en effet 44 millions d’euros qui seront mobilisés pour accompagner l’émergence de « la prochaine génération de supercalculateurs », c’est-à-dire ceux de classe dite exaflopique. Ces engins seront capables d’effectuer un milliard de milliards de calculs chaque seconde (1018). Les machines actuelles sont de classe pétaflopique. Elles font un million de milliards de calculs par seconde (1015).
Le gouvernement précise que ce montant s’inscrit dans un investissement de sept ans (2013-2020) « s’élevant à environ 400 millions d’euros dont un financement public de 152 millions d’euros, majoritairement issu de l’action du volet calcul intensif du Grand plan d’investissement ». On notera que la Commission européenne vise aussi le seuil de l’exaflop, aux alentours de 2022-2023.
Enjeu de souveraineté
Il est à noter par ailleurs qu’une logique de mutualisation est à l’œuvre sur le Vieux Continent. Ainsi, à travers le projet High Performance Computing (EuroHPC), pas moins de 23 nations sont impliquées, dont la France. Au départ, lors de son lancement en 2017, le programme ne rassemblait que sept États. La perspective de construire et partager des superordinateurs de classe mondiale a plu.
L’exécutif, qui explique qu’il s’agit au passage d’un enjeu de souveraineté (un point de vue partagé par Bruxelles qui estime qu’il n’est pas concevable de s’en remettre à des puissances étrangères pour certaines opérations de calcul, qui peuvent s’avérer sensibles), rappelle d’ailleurs que la France est le seul pays, avec les États-Unis, le Japon et la Chine, à avoir une société, Atos, capable d’en fabriquer.
« Atos est le dernier acteur en Europe capable de concevoir des supercalculateurs à l’état de l’art mondial », écrit Matignon. Il «maîtrise l’intégralité de la chaîne technologique, de la conception des processeurs à la conception de grands systèmes de calcul ».
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