Lancement de satellites de reconnaissance optique et de télécommunications pour l’armée, développement d’armes anti-satellites par les États-Unis, la Chine ou encore la Russie, réinstauration aux USA d’un commandement dédié aux opérations extra-atmosphériques (la très médiatisée « Space Force » voulue par Donald Trump)… rien ne semble pouvoir arrêter la militarisation de l’espace.
En tout cas, ce n’est certainement pas SpaceX qui s’y opposera. Au contraire, la firme américaine spécialisée dans les activités aérospatiales est disposée à mobiliser ses lanceurs pour mettre en orbite des armes spatiales. C’est ce qu’a confié Gwynne Shotwell, la présidente et directrice opérationnelle de SpaceX lors du symposium Air Space Cyber, le 17 septembre 2018.
Pour la défense des USA
Sur ce sujet, l’intéressée s’est toutefois peu étalée, visiblement quelque peu désarçonnée par cet échange avec l’auditoire, lâchant une réponse plutôt convenue à un auditoire essentiellement composé de militaires, selon Space News : « si c’est pour la défense de ce pays, oui, je pense que oui ». La réponse en a tout cas plu au public puisque des applaudissements se sont fait entendre juste après.
Il faut noter que SpaceX a déjà un pied dans le monde militaire. En mai 2017, l’entreprise a effectué son premier contrat pour une agence de renseignement rattachée au Pentagone, le NRO (National Reconnaissance Office). Il s’agissait de placer en orbite un satellite espion. Le NRO fabrique et gère les engins spatiaux de l’armée américaine et analyse les informations collectées par ce biais.
Depuis, d’autres missions ont eu lieu, comme la mise en orbite de la navette X-37B de l’armée de l’air américaine, ou bien le satellite Zuma, soit-disant perdu, ce qui, au regard de l’histoire récente, invite à la plus grande prudence.
Des armes défensives uniquement ?
Si elle est brève, la réponse de Gwynne Shotwell mérite de s’y attarder quelques instants. Elle évoque en effet la « défense » des États-Unis : est-ce une manière de dire que SpaceX ne souhaite pas mettre en orbite des armes offensives, même si la frontière avec une arme défensive est parfois poreuse ? Par ailleurs, on comprend en filigrane que SpaceX refusera ce type de mission pour un autre client que les États-Unis.
Pas question de le faire pour d’autres puissances, surtout celles qui pourraient constituer une menace. Cela dit, il est certain qu’aucun État étranger ne fera appel à SpaceX pour un sujet aussi sensible stratégiquement. La Russie et la Chine ont d’une part leurs propres moyens de lancement, et les risques d’espionnage pendant l’acheminement, pendant l’installation et sur le pas de tir seraient bien trop grands.
L’implication de SpaceX dans l’armement de l’espace aura-t-elle vraiment lieu ? Dans la mesure où Elon Musk a affiché à plusieurs reprises sa préoccupation au sujet des dérives militaires induites par le développement de la technologie, et en particulier de l’intelligence artificielle, la question se pose. Cela dit, d’autres seraient prêts à remplacer la société au pied levé, comme l’United Launch Alliance, la coentreprise de Boeing et Lockheed Martin.
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