Les terribles intempéries qui se sont abattues dans le département de l’Aude à la mi-octobre, et qui ont entraîné la mort d’une dizaine de personnes à la suite de crues soudaines, ont mis en lumière des fragilités dans le système de vigilance et d’alerte français, mais aussi le problème de l’urbanisation en zone inondable, un phénomène en progression malgré l’évidence du risque.
Dans l’Aude, 39% de la population se trouve dans ces zones à risque.
De nombreuses questions à la suite des inondations
Face à ce phénomène météorologique très violent, les questions — qui reviennent à chaque épisode de ce type — n’ont pas tardé : le lit des rivières est-il correctement entretenu ? Les sols doivent-ils être dé-imperméabilisés ? La population a-t-elle une perception du risque adéquate ? Connaît-elle les comportements à avoir dans ce type de situation ? Les prévisions peuvent-elles être affinées ?
À cette dernière interrogation, la réponse du gouvernement n’a pas tardé. Le mardi 16 octobre, la ministre de la Justice a annoncé sur CNews l’acquisition prochaine d’un nouveau supercalculateur au profit de Météo-France. Cette installation, qui sera livrée fin 2019 ou courant 2020, permettra au service gouvernemental de bénéficier de modélisations climatiques et météorologiques encore plus précises, pour une meilleure anticipation.
Un nouveau supercalculateur à plusieurs millions d’euros
« Au regard de ce qui s’est passé, l’État a pris la décision de financer un supercalculateur pour Météo-France qui serait disponible d’ici un an et demi environ pour affiner encore les prévisions qui peuvent être faites en termes météorologiques », a déclaré la garde des Sceaux Nicole Belloubet. L’acquisition de cette machine coûtera « plusieurs millions d’euros » a prévenu la ministre de la Justice.
Quant à Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, elle a déclaré sur RTL que ce supercalculateur « va permettre de mieux calculer l’intensité des pluies de manière infra-déparmentale ». Plus optimiste que sa collègue quant au délai de livraison, la ministre a jugé que l’outil « sera efficace d’ici un an environ ».
Météo-France connaît bien les supercalculateurs. L’établissement en a connu plusieurs depuis 1992, date à laquelle le premier d’entre eux a été acquis par ses soins. Depuis cette date, les machines sont régulièrement renouvelées et actualisées sur le plan matériel, afin de bénéficier d’une puissance de calcul toujours plus grande. Celle-ci a été multipliée par 2,5 millions entre 1992 et 2016.
Météo-France a deux supercalculateurs
Depuis 2014, deux superordinateurs sont opérés par l’organisme : Prolix2, mis en service en 2014, et Beaufix2, déployé en 2016. Ils font partie des installations les plus puissantes du monde : dans le classement Top500 du mois de juin 2018, ils sont respectivement à la 81ème et 82ème place. Et sur le plan strictement hexagonal, ces machines sont situées en 5ème et 6ème position.
Leur rôle est de travailler « en temps réel pour les besoins de la prévision », explique Météo-France. « Ils permettent de reconstituer les conditions climatiques passées à partir d’archives d’observations ou d’en simuler les évolutions futures. Enfin, ils sont utilisés dans la recherche sur les phénomènes atmosphériques ». Et ainsi, la fiabilité des prévisions s’accroit.
Simuler les évolutions futures de la météo et du climat
C’est ce que rappelait l’établissement en 2014 : « Sur les trente dernières années, elle a gagné un jour tous les dix ans : aujourd’hui, les prévisions à 4 jours sont aussi fiables que les prévisions à 3 jours au milieu des années 2000. » Idem en ce qui concerne la justesse des estimations de température. Elle est exacte à 24 heures à 1 – 1,25°C, et à 3°C à 7 jours.
Reste que si la qualité des prévisions numériques du temps conduites par Météo-France a progressé au fil des décennies, elle ne pourra pas faire grand-chose face à une mauvaise appréciation du risque des populations locales, parce que l’information ne circule pas bien ou arrive trop tard, ou parce qu’il y a eu une acclimatation face à certains seuils d’alerte, qui ne sont plus considérés comme sérieux.
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