L’article 11 de la directive européenne sur le droit d’auteur, qui propose une sorte de taxe sur les clics sur les liens hypertexte, pourrait faire une victime de taille : Google News / Actualités. Dans un entretien au Guardian, Richard Gingras, vice-président de Google rattaché aux médias, a affirmé que la fermeture du service était une éventualité si l’Europe persistait à vouloir taxer les liens sortants. Il a rappelé que l’Espagne avait voté une loi similaire et que Google News avait donc été arrêté dans le pays, entraînant une chute dans les audiences des médias.
Aujourd’hui, Google News est un agrégateur de contenu énormément utilisé par le grand public, sur ordinateur ou sur smartphone. Contrairement à Facebook qui impose aux éditeurs un format (Instant Article) hébergé directement sur la plateforme, Google News agit uniquement comme un relai. Quand un article intéresse un lecteur et qu’il clique sur son titre, il sera redirigé vers le site internet du média. Dès lors, la relation entre Google News et les éditeurs est saine : le service agit comme un kiosque gratuit qui se contente de rediriger l’audience. Pour un éditeur, la configuration est très aisée et ne demande pas particulièrement de développement web.
Contre le web
Fermer Google News aurait donc un impact immédiat sur tous les organes de presse en ligne européens : une perte de lectorat qui entraînerait immédiatement une perte de revenus publicitaires ou d’abonnés — Google Actualités référence également les articles derrière paywall. Cet impact, Google le connaît et brandir la menace de la fermeture n’est pas anodin : si la plupart des médias sont convaincus par l’intérêt de Google Actualités, d’autres, et notamment les agences de presse, se sont rangées du côté de l’article 11, estimant que la liberté de lier des contenus était une perte directe de revenus pour leurs dépêches.
Dans cette bataille pour réformer le droit d’auteur, l’Europe a d’ailleurs réussi le tour de force d’associer géants du web et associations militantes pour les libertés des internautes, qui voient d’un mauvais œil la taxation d’un concept technique à la base du web. Et même si l’Europe tente d’apporter des protections et promet que son projet ne vise que les géants, le risque de voir naître un marché du lien hypertexte peut effrayer : la pratique même du journalisme se fonde sur un croisement et une vérification des sources, devenue transparente pour le lecteur grâce au fonctionnement du web.
Sans parler des liens ajoutés par exemple sur Wikipédia qui devrait rémunérer ses sources… Monétiser cette action, en plus de la technicité nécessaire pour tout contrôler, semble en tout point contre-productif. Et Google va tout faire pour ranger les médias de son côté.
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