C’est un travail de Sisyphe : régulièrement, l’administration pénitentiaire doit déployer et renforcer ses dispositifs de brouillage pour empêcher les détenus de contacter l’extérieur avec les smartphones que des complices introduisent illégalement dans les prisons. En effet, certains systèmes n’étaient efficaces que contre les technologies de deuxième génération (2G).
Or aujourd’hui, la 3G et 4G sont désormais monnaie courante. Et la 5G apparaît déjà à l’horizon.
C’est pour cette raison que les investissements en la matière ne permettent jamais vraiment d’en voir le bout. Il faut non seulement investir pour les prisons qui ne sont pas équipées (seuls 110 établissements l’étaient au 1er janvier 2018, sur les 188 centres de détention que compte la France, soit 60 % du parc immobilier), mais il faut aussi remettre à niveau les installations les plus anciennes.
C’est ce que vient d’expliquer Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, à un sénateur qui demandait un point sur l’installation de brouilleurs dans les établissements pénitentiaires. Dans une réponse parue au Journal officiel le 29 novembre, la Garde des Sceaux indique qu’un budget de 19,9 millions d’euros est prévu en 2019 à cette fin. En comparaison, l’enveloppe était de 14,7 millions d’euros en 2018.
La priorité sera donnée aux centres « hébergeant les détenus les plus sensibles ou les plus exposés aux trafics de téléphones portables », est-il expliqué. Sont cités Paris-la-Santé, Osny, deux établissements situés en Île-de-France, et Vendin-le-Vieil, dans le Nord, où est incarcéré un certain Rédoine Faïd. La neutralisation sera effective « à l’avenir l’ensemble des fréquences commerciales », est-il précisé.
Pourquoi il est difficile de brouiller les portables en prison
La question écrite du parlementaire a aussi été l’occasion pour le ministère de préciser pourquoi il est difficile de contrer les ondes téléphoniques dans les prisons. Outre la diversité des technologies aujourd’hui mises en œuvre (2G, 3G, 4G et bientôt 5G), que les plus vieux brouilleurs sont incapables de traiter, il y a aussi d’autres facteurs, endogènes et exogènes, qui entrent en ligne de compte.
« Outre la rapidité d’obsolescence des matériels, la spécificité de l’architecture pénitentiaire contrarie l’efficacité du signal émis par les systèmes de brouillage », notamment les dispositifs de sécurité passive dans les prisons. Et les services de Nicole Belloubet de mentionner aussi d’autres facteurs, comme la présence des prisons en ville (il ne faut pas brouiller les environs).
Le ministère de la Justice cite aussi les particularités propres aux prisons, qui sont dotées de nombreux murs en béton armé, de grilles et de barreaudages. Tout ceci « perturbe la diffusion des ondes des systèmes de brouillage », indique l’exécutif. Et fait que « la neutralisation des communications illicites en détention revêt un caractère extrêmement complexe ».
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