Voilà une actualité judiciaire qui ne va pas arranger les relations entre la Chine et les États-Unis, déjà bien malmenées par la guerre commerciale que se livrent depuis un an les deux superpuissances. Outre-Atlantique, le ministère de la Justice a présenté lundi 28 janvier pas moins de 23 chefs d’inculpations à l’encontre de Huawei, l’un des plus gros équipementiers du secteur des télécoms.
Ces chefs d’accusation concernent deux dossiers distincts.
Deux affaires, 23 chefs d’inculpation
Dans le premier, il est reproché à l’entreprise chinoise d’avoir violé l’embargo américain sur l’Iran. Un total de 13 charges est annoncé, dont celles d’association de malfaiteurs, fraude financière, blanchiment d’argent, entrave à la justice et violations des sanctions. Sont visés Huawei, Huawei Device USA Inc, Skycom (la filiale iranienne de Huawei) et Sabrina Meng Wanzhou.
Sabrina Meng Wanzhou est la directrice financière de Huawei. L’intéressée a fait les gros titres le mois dernier lorsqu’elle a été arrêtée au Canada, à la demande des USA — ce qui a provoqué une vive crise diplomatique entre Ottawa et Pékin. Elle a été libérée sous caution dans l’attente de son éventuelle extradition aux États-Unis — qui doit être examinée par la justice canadienne en février — et porte un bracelet électronique.
Dans le second, ce sont 10 charges qui ont été retenues contre Huawei et sa filiale locale. Il est question de vol de secrets commerciaux, de fraude électronique et d’entrave à la justice. « Des entreprises de Huawei se sont organisées pour voler des technologies secrètes et offrent des primes aux travailleurs qui volent des renseignements confidentiels dans des entreprises du monde entier », affirme le ministère.
Plus particulièrement, il est reproché à Huawei d’avoir volé des secrets industriels chez T-Mobile, l’un des principaux opérateurs aux USA. L’affaire date de 2012 et implique un robot de test de mobile. Les employés de Huawei sont accusés d’avoir pris des photos de ce robot, d’en avoir pris les dimensions et d’en voler certaines pièces pour que des ingénieurs en Chine le reproduisent.
La méfiance s’est installée
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de forte défiance envers Huawei, qui est suspecté de servir secrètement Pékin en lui ménageant des portes dérobées dans les réseaux de télécommunications. Si aucune preuve publique n’a été avancée, de plus en plus de pays ont décidé de se passer de Huawei pour développer la 5G. C’est le cas des USA, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, entre autres.
En France aussi, la méfiance s’est installée. Paris entend aussi resserrer la vis, mais sans se fâcher avec Pékin. Plusieurs leviers sont envisagés : interdiction de se servir des produits de Huawei dans les cœurs de réseaux des opérateurs français, pas de déploiement en Île-de-France (où est concentré un grand nombre de lieux de pouvoirs), pas sur plus de 50 % du réseau et régime d’autorisation préalable durci et étendu.
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