Va-t-on de nouveau assister à une vague de fermetures parmi les différentes versions de Wikipédia pour protester contre la proposition de directive européenne sur le droit d’auteur ? Outre-Rhin, les bénévoles contribuant à la déclinaison germanique de l’encyclopédie libre et gratuite ont en tout cas décidé de couper l’accès aux articles toute la journée du 21 mars pour marquer le coup.
La date du 21 mars a été retenue pour sa relative proximité avec celle prévue pour le vote du Parlement européen sur ce texte. Le scrutin est prévu à la fin du mois de mars en séance plénière. Des manifestations sont aussi prévues deux jours plus tard dans quelques pays européens, comme en Allemagne, pour rendre plus concrète l’opposition à ce texte très controversé à cause de son article 13 sur le filtrage.
Le chapitre allemand de Wikipédia est pour l’instant le seul à planifier une fermeture de l’encyclopédie, selon une page détaillant les actions qui sont prévues partout en Europe. Les communautés d’autres pays ne sont toutefois pas inactives pour autant : d’autres actions sont sur la table, qu’il s’agisse d’appels téléphoniques aux élus européens, de manifestations ou de publications en ligne.
Vague de fermetures en 2018
L’année dernière, un même mouvement, cette fois parti d’Italie, avait abouti à la fermeture de plusieurs versions de Wikipédia : italienne, espagnole, estonienne, lettone, polonaise, catalane, basque et galicienne. D’autres déclinaisons, comme la bulgare, la hongroise et l’anglaise, avaient opté pour une approche intermédiaire, avec la pose d’un bandeau en haut du site.
Le rejet du mandat de négociations de la commission des affaires juridiques par le Parlement européen, alors réuni en séance plénière le 5 juillet 2018, avait entraîné la réouverture des encyclopédies protestataires. En France, la question d’une action similaire s’est posée dans la communauté, mais aucune bannière n’a été déployée ni aucune fermeture n’a eu lieu.
L’association Wikimedia France, dont la mission est avant tout d’ordre promotionnel, avait rappelé à l’époque n’avoir aucun pouvoir sur ce qui se passe sur l’encyclopédie: « ce sont les contributeurs eux-mêmes qui décident de la mise en place d’un bandeau ou pas », avait-elle souligné, même si elle était elle-même contre la proposition de directive.
Nouveau blackout pour 2019 ?
Aujourd’hui, alors que le vote en séance plénière surviendra dans quelques semaines, le sujet est de nouveau sur la table : la discussion a repris entre les bénévoles du projet. Pour l’heure, il est question de relayer des messages sur les réseaux sociaux et de contacter directement les eurodéputés. De son côté, Wikimedia France vient de relayer et faire sienne la déclaration de la fondation Wikimedia contre ce texte.
Il est à noter que dans la dernière version de cette proposition de directive, une exemption est prévue pour les projets non commerciaux. Donc pour Wikipédia et ses projets frères. La fondation Wikimedia le sait et n’élude d’ailleurs pas le sujet. Mais la fondation a fait le choix de ne pas se battre que pour ses intérêts. Dans sa déclaration, elle explique qu’elle tient aussi à se mobiliser pour les autres.
Les exceptions prévues « ne sont pas suffisantes pour rendre cette réforme bénéfique ou équilibrée », juge-t-elle. Avec les articles 11 et 13, « les principes fondamentaux du partage des connaissances sont renversés ». Le texte « traite les contenus générés par les utilisateurs avec suspicion, à moins de prouver leur légalité. Nous ne pouvons pas soutenir cela : il vaut mieux ne pas avoir de réforme du tout que d’en avoir une incluant ces dispositions toxiques ».
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