Le silence a bien un prix chez Google. L’entreprise a confirmé à The Verge lundi 11 mars qu’elle avait accepté de verser 105 millions de dollars (environ 93 millions d’euros) à deux anciens cadres qui étaient accusés de harcèlement sexuel.
De généreuses indemnités de licenciement
Les deux cadres en question ont été mis en cause dans une enquête du New York Times. Publiée en octobre 2018, elle révélait que Google avait offert un licenciement en or à Andy Rubin. Le créateur d’Android serait parti de l’entreprise avec la promesse d’un versement de 2 millions par mois pendant 4 ans et un coquet bonus de 90 millions de dollars. Il était pourtant accusé de harcèlement sexuel par une collègue et ces faits avaient été jugés crédibles par Google.
L’article évoquait également le cas d’autres cadres accusés de harcèlement sexuel dont certains comme Rich DeVaul, un cadre de la maison-mère de Google, ont démissionné.
L’entreprise n’avait pour l’instant jamais confirmé les faits. Selon des documents judiciaires qu’a pu consulter The Verge, elle a pourtant bien versé d’importants bonus. Andy Rubin s’était vu proposer 150 millions de dollars d’actions, mais il a finalement préféré toucher 90 millions de dollars d’indemnités de licenciement. Amit Singhal, l’ancien vice-dirigeant de la recherche chez Google, s’est vu lui offrir 45 millions de dollars. Il n’en a finalement touché « que » 15 millions car il a été embauché dans une entreprise concurrente (Uber), ce qu’interdisait une clause de son licenciement. Google a confirmé ces chiffres mais malgré tout expliqué dans un communiqué : « Il y a de sérieuses conséquences pour quiconque se comporte mal chez Google.»
Une plainte déposée par les actionnaires
Lorsque les premiers chiffres avaient été évoqués par le New York Times, des employés de Google avaient protesté partout dans le monde. Ils demandaient à l’entreprise d’agir contre la culture du viol qui gangrène le géant. Ce dernier assure que de nombreuses mesures ont été mises en place « ces dernières années » pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
Fin octobre, Sundar Pichai, le CEO de Google, a publié un communiqué en interne en ce sens. Il y expliquait avoir lancé en 2015 un programme de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’entreprise. Depuis cette date, 48 employés ont été renvoyés pour ce motif, a-t-il indiqué.
Ces efforts sont insuffisants selon les actionnaires. Ils ont déposé une plainte contre Google pour abus de pouvoir, violation de ses obligations fiduciaires et l’enrichissement non justifié de certains anciens cadres. Ils demandent que des mesures supplémentaires soient prises, ainsi que des sanctions financières, dont ils n’ont pas précisé le montant.
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