L’escalade entre les États-Unis et la Chine autour de Huawei a des répercussions en Europe. Et Washington semble prêt à mettre sur la table le niveau de coopération entre agences de renseignement.

La coopération entre les agences de renseignement occidentales risque-t-elle de souffrir des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine au sujet de Huawei ? C’est ce qui semble se profiler en tout cas pour l’Allemagne, rapporte le Wall Street Journal. Washington a prévenu Berlin que les échanges d’information risquent de se réduire si Huawei déploie la 5G outre-Rhin.

Le quotidien américain fait état d’une lettre adressée au ministre de l’économie par l’ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard A. Grenell. Il écrit qu’autoriser la participation de Huawei ou d’autres équipementiers chinois au déploiement de la 5G signifierait que les USA ne seraient pas en mesure de maintenir le même niveau de coopération avec les agences de sécurité allemandes.

Coopération étroite remise en cause ?

Pour Berlin, la menace est sérieuse : le pays est l’un des alliés les plus proches des États-Unis. Il a de ce fait accès à un niveau d’échange très élevé avec les agences de renseignement américaine. On le présente d’ailleurs comme un membre des « Eight Eyes » ou « Five Eyes plus 3 », c’est-à-dire une alliance de huit États partageant des informations confidentielles d’une haute sensibilité.

Ces huit nations incluent les cinq alliés anglophones (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) et trois nations qui leur sont historiquement très proches, à savoir l’Allemagne, le Japon et la France. Selon Reuters et le journal japonais Mainichi, le groupe des « Eight Eyes » a spécifiquement pour but de contrer les activités de la Chine dans le cyberespace.

Les documents confidentiels qui ont été dérobés par le lanceur d’alerte Edward Snowden, en 2013, mentionne aussi l’Allemagne comme membre des « Fourteen Eyes ». Ce groupe rassemble les « Five Eyes » (c’est-à-dire les cinq alliés anglophones) plus les principaux pays européens : le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la Suède, l’Allemagne et la France.

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Le quartier général de la NSA, aux USA.

Pression sur les Européens

La mise en garde américaine apparaît comme l’un des avertissements les plus nets de Washington à ses alliés. On sait toutefois depuis fin 2018 que la Maison-Blanche exerce une forte pression sur eux pour les dissuader de confier à Huawei la mise en place de tout ou partie de leur réseau 5G. Pour les Européens, la situation est très inconfortable, car Huawei est un acteur leader de la 5G.

Si Washington se montre particulièrement virulent sur Huawei, ses inquiétudes sont aussi partagées sur le Vieux Continent même si les capitales européennes se montrent plus modérées. En France aussi, l’équipementier chinois est suspecté d’agir secrètement pour Pékin. Pour limiter les risques, plusieurs pistes réglementaires et législatives sont dans les tuyaux.

Source : Numerama

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